9 juin 2021.

Comme en juin 2020, le Sunset-Sunside est le premier club parisien à rouvrir ses portes, suivi quelques jours plus tard par ses confrères du New Morning et du Duc des Lombards. Pour cette reprise après quasiment huit mois de silence, c’est à la chanteuse Yasmine Kyd, dont Soul Bag suit la carrière depuis plusieurs années, qu’il appartenait de faire à nouveau résonner les belles pierres de la cave – qui a profité de la pause forcée pour quelques travaux cosmétiques et de climatisation. Après avoir fêté, avec un retard de quelques mois, ses dix ans de carrière en septembre dernier (Soul Bag y était), c’est à nouveau en décalage qu’elle marque par ce concert la sortie en fin d’année précédente de son cinquième album, “Night Sailin’”. 

Pour l’occasion, le public, nombreux, se partage entre les fans de la chanteuse et quelques curieux impatients de retrouver l’atmosphère des clubs, et l’atmosphère est chaleureuse lorsqu’elle monte sur la scène. Sans surprise, c’est avec la chanson titre du nouvel album qu’elle ouvre le concert, avec un premier set essentiellement consacré à ce disque. Accompagnée de ses partenaires habituels (Zacharie Abraham à la contrebasse, Leandro Aconcha aux claviers, Laurent Avenard à la guitare et Mat’ Stora à la batterie), Yasmine Kyd profite de la liberté du live pour laisser à ses titres la possibilité de se prolonger librement, accentuant l’orientation jazz déjà présente sur le disque. Outre ses compositions personnelles (Say it again, Tom pretends…), sa version toute en légèreté de Je suis venu te dire que je m’en vais est particulièrement réussie, tandis que sa reprise en final du premier set du standard God bless the child est une belle façon d’aller chercher la concurrence sur le terrain du jazz classique. 

Sans doute un peu prise par l’enjeu lors du premier set – c’est la première fois qu’elle chante en public une bonne partie de ce nouveau répertoire –, Yasmine Kyd est évidemment plus décontractée au moment d’attaquer la suite. Pour le second set, elle se replonge dans ses albums précédents et en revisite quelques titres marquants comme Till december et Unconditionnal love. Elle confirme ainsi la qualité et la cohérence du répertoire qu’elle a construit au fil des années, en espérant qu’elle ait l’occasion de proposer largement sa musique sur les scènes des clubs et festivals dans les prochains mois.

Frédéric Adrian
Photo d’ouverture © Emma David