Ludovic Louis, La Maroquinerie, Paris, 2024
15.10.2024
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20-24 mars 2024, La Seine Musicale, Boulogne-Billancourt.
Pour cette édition 2024, le festival Chorus met à nouveau à l’honneur les genres et artistes qui constellent aujourd’hui l’univers des musiques actuelles. Quand les musiques urbaines rencontrent l’électro, le rock ou la pop et que les artistes émergents et les têtes d’affiche se succèdent sur les six différentes scènes indoor et outdoor.
Après une séquence inaugurale dédiée aux enfants, la première journée dite “Emergence Day” permet au jeune public de découvrir des artistes émergents du département au travers de 17 concerts gratuits ainsi que des artistes accompagnés par les structures musicales actuelles soutenues par le département des Hauts-de-Seine, en partenariat avec le RIF, à l’image de Cindy Pooch, Frieda (croisée en première partie du concert de Sandra Nkaké au Café de la Danse en 2023) ou HIER.
Le festival débute réellement le vendredi 22 mars avec un public plus cosmopolite, des animations éclectiques et un line-up plus varié et international que la veille. Alors qu’elle a reporté sa tournée solo à l’automne, IAMDDB est bien présente sur la grande scène pour présenter son « show from Manchester ». Pendant une heure, la chanteuse d’origine congolaise, qui arbore pour l’occasion une chevelure d’un rose éclatant, enchaîne les titres les plus connus de sa discographie jonglant entre son album “Love Is War Volume 6” et ses singles tels que Shade et Rasta pasta, un mélange soul, rap et trap.
La journée du samedi 23 mars commence sous la pluie. En débarquant sur le parvis de la Scène Musicale pour assurer les balances, Jordan Mackampa et son band, programmés à l’extérieur, semblent tout à la fois résignés et frigorifiés. Tout comme le public qui préfère rester à l’abri. Mais alors que le set commence, le ciel se dégage et les spectateurs peuvent enfin sortir pour apprécier ou, pour la plupart, découvrir la soul du chanteur anglo-congolais. Encore méconnu en France malgré une prestation quelques jours plus tôt au Hasard Ludique et une nouvelle date déjà programmée en octobre au Trabendo, Mackampa présente sur scène son nouvel album “Welcome Home, Kid!” (sorti en février dernier) avec des morceaux entraînants (Step by step), des ballades puissantes (Mary). Mais c’est surtout avec l’un de ses sons les plus connus, Under, dont il chante une partie en français, que ce véritable showman amène définitivement ce rayon de soleil dont les festivaliers avaient bien besoin.
Du côté de la grande scène, les amateurs de rap retrouvent Prince Waly qui, beau clin d’œil, décide d’inviter Enchantée Julia. L’an passé, la jeune chanteuse neo soul, programmée dans une salle annexe, avait été rejointe sur scène par le rappeur de Montreuil. Non seulement leur trajectoire commune fait plaisir à voir, mais leurs performances du soir confirment leur talent.
Place ensuite à Greentea Peng, qui revient à Paris après son concert au We Love Green en 2022, pour nous faire voyager dans son univers soul psychédélique aux influences reggae. Accompagnée de ses musiciens et une belle tenue style western et son keffieh, Greentea nous offre un set un brin mystique rempli de messages appelant à la libération, la joie et surtout à profiter de l’instant présent. La Londonienne est même surprise d’être sur scène aussi tard pour un festival, disant qu’elle était plus habituée à faire des sets de fin d’après-midi. Les morceaux sur scène étant majoritairement de ses projets “GREENZONE 108” (Three eyes open, My love) et “MAN MADE” (Dingaling, Nah hit ain’t the same,…), la chanteuse ultra tatouée nous ramène également en arrière avec des sons plus anciens comme Sane, Mr. Sun ou encore Hu man, apportant une ambiance douce bien agréable.
Accompagné de son band, le rappeur franco-haïtien Luidji clôture cette soirée du samedi avec une performance scénique digne d’une grande Arena et une prestation vocale à l’échelle de ses projets.
Le dernier jour de cette édition 2024 permet de retrouver Martha Da’ro un mois après son passage à la Boule Noire (live report à lire ici) Sur la scène de la Capsule, accompagnée de ses fidèles musiciens, l’artiste belge (re)plonge les festivaliers dans l’univers de son premier album “Philophobia”, avec les rythmes puissants de Flesh, l’hypnotisant Sirens, tout en incitant à la danse avec Summer blues et le rythmé STFU.
La chanteuse et pianiste américaine Sarah McCoy ne pouvait rêver plus bel écrin que le cadre somptueux de l’auditorium pour mettre en valeur sa voix puissante, son énergie et son exubérance. Dans une formule en trio accompagnée par Antoine Kerninon et Jeff Halam, la native de Pine Plains défend pour l’occasion son nouvel album “High Priestess” dans une ambiance comme d’habitude un brin gothique, mais avec toujours autant de flamboyance.
Le musicien et vidéaste Chassol lui succède dans l’auditorium pour offrir une prestation singulière, à l’image de son univers, mais suffisamment séduisante pour les curieux qui sont restés dans la salle.
Pour cette édition 2024, le Festival Chorus a une nouvelle fois réussi son pari éclectique avec une programmation variée et un public qui a répondu en nombre. Et ce malgré les aléas d’un temps pluvieux sur les scènes extérieures, mais qui n’a pas plombé la chaleureuse ambiance d’un événement qui prend chaque année de plus en plus d’ampleur.
Texte : Emma Ragot et Isha Sookee
Photos © Frédéric Ragot