28 février 2024

Pour son premier concert à Paris, c’est à la Boule Noire que l’on retrouve Martha Da’ro venue présenter son premier album “Philophobia” (chronique à lire ici). Un nouveau défi où elle se sert de son expérience notamment dans le cinéma pour créer une musique immersive à la sonorité unique.

En première partie, la jeune Calamity introduit une soirée qui s’annonce extravagante. Même si le public est encore timide, la chanteuse arrive à réchauffer la salle son R&B radical et intime qui mêle français et anglais. Son show à la fois expérimental et théâtral finit par nous surprendre avec ses masques humanoïdes à son effigie qu’elle fabrique elle-même et qu’elle met en scène. La salle s’enflamme avec un duo électrique avec Lediouk, entre R&B et soul, contrasté par une mélodie dansante et métallique. 

Martha Da’ro et ses musiciens, le batteur Thomas Geysen et le pianiste Aram Abgaryan, sont accueillis dans une Boule Noire remplie et bouillante qui ne tarde pas à plonger dans l’univers de “Philophobia”, soit la “peur de l’amour”. Tout au long du show, la chanteuse bruxelloise se livre avec pudeur et nous permet ainsi de mieux comprendre la signification de son album. 

Elle fait une entrée en douceur sur Find your way, laissant bouche bée un public captivé par sa performance vocale. La scénographie a été bien pensée (ce téléphone rétro servant de micro pour les intros) et le batteur souligne et nous fait ressentir chaque note dans les moindres détails. Une véritable expérience sensorielle. Chaque titre de “Philophobia” est interprété avec une grande justesse et dégage un sentiment de liberté, d’exploration de nouvelles sonorités. Fool nous met dans une bulle, on s’y laisse bercer par la voix de Da’ro. Sur un rythme entraînant, on se retrouve à danser sur des titres plus anciens : Summer blues (2018) et STFU et Trippin issu de son EP “Cheap Wine & Paris” (2020).

Ces femmes s’aventurent dans des paysages musicaux en dehors des sentiers battus, chacune avec leurs spécificités, accompagnant le public dans leurs univers respectifs et suscitant l’intérêt des curieux. En incarnant son “Philophobia”, Martha Da’ro a réussi à marquer les esprits en nous laissant pénétrer dans sa pensée pour nous faire part de ses émotions lors de la création de son album. Rendez-vous est déjà pris pour la revoir, cette fois dans le cadre du Festival Chorus le 24 mars à La Seine Musicale (Boulogne-Billancourt).

Texte : Isha Sookee
Photos © Fouadoulicious