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Hommages / 27.03.2024

Ils nous quittent : Sandra Crouch, Kevin Toney, T.M. Stevens, Everett Collins…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment.

Sandra Crouch (1942-2024)

Originaire de Los Angeles, Sandra Crouch est la sœur jumelle d’Andraé, une figure influente de la scène gospel à partir des années 1970, avec qui elle a régulièrement collaboré. 

Dans les années 1960, tous deux font leurs débuts au sein des COGICs (les Church of God in Christ Singers), un ensemble issu de l’église qui comprend notamment Billy Preston et les futures chanteuses soul Gloria Jones et Edna Wright et publie un album et quelques singles. L’aventure est brève et, tandis que son frère poursuit sa carrière dans l’univers gospel, elle travaille dans les studios de Los Angeles en tant que percussionniste, bien souvent au tambourin, sur des disques d’artistes aussi divers que Mongo Santamaria, Janis Joplin, Clydie King, Merry Clayton, Neil Diamond, Lalo Schifrin ou Harvey Mandel. Au début des années 1970, elle rejoint le groupe de son frère, les Disciples, et participe à plusieurs de leurs disques tout au long de la décennie, parmi lesquels le “Live At Carnegie Hall”, tout en apparaissant occasionnellement sur des projets séculiers, comme la bande originale du film Hell Up In Harlem signée par Edwin Starr ou un album gospel de Pat Boone, ainsi que sur les disques d’autres artistes gospel comme les Mighty Clouds Of Joy. Plusieurs de ses chansons, écrites seules ou avec son frère sont enregistrées par, entre autres, Elvis Presley, Paul Simon, Jermaine Jackson et Thelma Houston.

Quand Andraé dissout les Disciples et se lance dans une carrière personnelle au début des années 1980, elle publie plusieurs disques sous le l’étiquette de Sandra Crouch And Friends ou sous son propre nom, décrochant même un Grammy pour son album “We Sing Praises” de 1983. Bien qu’elle n’enregistre plus régulièrement avec son frère, elle continue à travailler avec lui, comme arrangeuse, sur plusieurs projets pop marquants comme la musique du film La Couleur Pourpre, coordonnée par Quincy Jones, ou l’album “Dangerous” de Michael Jackson, où elle co-arrange deux titres. Elle fait également partie du chœur réuni par son frère pour le Man in the mirror de Jackson et le Back to the block de Jones et joue du tambourin sur le Like a prayer de Madonna – après avoir vérifié la conformité des paroles à sa foi !

Plus discrète à partir du milieu des années 1990, elle apparaît ponctuellement sur les disques de son frère jusqu’au décès de celui-ci en 2015, et assure avec lui puis seule la direction de Christ Memorial Church of God in Christ de Pacoima en Californie.

Kevin Toney (1953-2024)

Originaire de Détroit, Kevin Toney se fait remarquer pour ses talents de pianiste dès son enfance, et poursuit ensuite des études de musique à la Howard University, où le prof de jazz est le trompettiste de jazz Donald Byrd. Quand celui-ci décide de monter un groupe, baptisé les Blackbyrds, parmi ses étudiants, Toney est retenu pour en être le clavier et le leader de fait.

Il participe donc aux différents albums de l’ensemble jusqu’à sa séparation au début des années 1980, contribuant également à l’écriture de plusieurs titres. En parallèle, il collabore régulièrement avec Donald Byrd, mais aussi avec d’autres artistes comme Bobbi Humphrey, David “Fathead” Newman ou Sylvester (You make me feel (Mighty real)). Après la séparation des Blackbyrds, il travaille à plusieurs reprises avec le Summers Heat de l’ancien Headhunters Bill Summers et se lance dans une carrière personnelle, avec un album funk en 1982 (“Special K”) et plusieurs autres dans un registre smooth jazz dans les années 1990 et 2000.

S’il ne participe pas aux différentes reformations des Blackbyrds, il continue à travailler ponctuellement en studio, apparaissant notamment sur des disques de Ray Parker Jr, Paul Jackson Jr., Phil Upchurch et Brenda Russell.

Photo : © DR/ Gilles Petard

T.M. Stevens (1951-2024)

Originaire de New York, le bassiste Thomas Michael Stevens se fait remarquer dans les studios aux côtés d’Al Foster, Narada Michael Walden, Jimmy Castor, Stacy Lattisaw, Grandmaster Flash ou James Brown, avant de se faire remarquer du grand public à la fin des années 1980 par sa participation spectaculaire à la version de Unchain my heart par Joe Cocker, qu’il accompagne ensuite sur scène.

Membre des éphémères Space Cadets de Bernie Worrell puis brièvement des Pretenders, il continue à travailler comme musicien de studio, accompagnant notamment Tina Turner (The best), Cindy Lauper et Billy Joel. Dans les années 1990, il lance sa carrière solo avec l’album “Boom” auquel participent notamment Bernie Worrell et Angela Bofill, suivi de différents disques jusqu’en 2007. 

Stevens participe à différents projets, notamment avec le guitariste rock Steve Vai, et intègre de façon plus ou moins durable différents groupes comme les Headhunters ou Temple Of Soul, emmené par le saxophoniste Clarence Clemons. De graves problèmes de santé le contraignent à mettre un terme définitif à sa carrière à la fin des années 2000.

Everett Collins (19??-2024)

Originaire d’Amityville, dans l’État de New York, le batteur Everett Collins fait des études d’éducation musicale à la Long Island University, mais, plutôt que de se lancer dans l’enseignement, rejoint dans le courant des années 1970 les Isley Brothers, qu’il accompagne sur disque et sur scène jusqu’aux années 1980, apparaissant notamment sur les albums “Go For Your Guns”, “Grand Slam”, “Inside You” et “The Real Deal” et co-signant un titre sur “Smooth Sailin’”. Il participe également à l’unique album de Sunrize, produit par les frangins Isley.

Après avoir quitté le groupe, il travaille notamment avec Rebbie et Jermaine Jackson et le groupe Surface, dont il co-écrit le tube You are everything. Il quitte ensuite l’industrie musicale pour se reconvertir dans l’enseignement, ayant notamment pour élèves les futurs membres de De La Soul ! 

Anthony Walker (1963-2024)

Surnommé “Baby Gap”, le chanteur et danseur avait rejoint le Gap Band en 1979, apparaissant sur plusieurs albums du groupe dans les années 1980 avant de fonder avec le clavier Billy Young, autre accompagnateur régulier des frangins Wilson, le duo Billy And Baby Gap, responsable d’un album produit par Charlie Wilson.

En tant que danseur, il fonde Tidal Wave, une troupe réputée de breakdance, et travaille en tant que chorégraphe pour Disney. Il faisait partie depuis plusieurs années d’un “tribute band”, Gap X The Band, composé d’anciens collaborateurs du Gap Band original.

Paul Nelson (1962-2024)

Originaire de Manhattan, le guitariste Paul Nelson fait ses débuts dans le monde du hard rock, en solo et avec le groupe Liege Lord, avant d’intégrer dans les années 2000 le groupe de Johnny Winter dont il devient le producteur et le manager, prenant soin de lui lors de ses dernières années et travaillant notamment sur les différents volumes de ses “Live Bootleg Series” en plus de l’accompagner sur disque et sur scène. Il est notamment le coauteur de I’m a bluesman, la chanson-titre de son avant-dernier album studio.

Outre son propre groupe, qui publie en 2016 l’album “Badass Generation”, Nelson travaille par la suite avec Joe Louis Walker et la chanteuse Eliza Neals. Il décroche un Grammy en 2014 en tant que producteur du dernier album studio de Johnny Winter, “Step Back”.

Henry Green (1943-2024)

Originaire d’Amite County dans le Mississippi, Henry Green est découvert à l’église par Leon “Pop” Williams, le fondateur des Williams Brothers et rejoint l’ensemble, qui existe depuis la fin des années 1950, à temps pour assurer la voix principale sur une face de leur premier 45-tours. Au fil des années, il participe à l’ensemble des disques du groupe, qui enregistre en particulier pour ABC, Nashboro, Savoy, Malaco, Myrrh et son propre label, Blackberry Records Inc., et apparaît avec eux sur les plus grandes scènes, de l’Apollo Theater au Carnegie Hall. En 2006, il publie un album sous son nom, “My Story”, avec la participation de quelques grandes voix du gospel, de Rance Allen à Dottie Peoples, sur le label du groupe familial dont il était le seul “faux-frère”.

Vincent Bonham (1956/7-2024)

Originaire de Détroit, le clavier et chanteur Vincent Bonham est choisi par Ray Parker Jr., qui sort d’une belle carrière d’accompagnateur, pour faire partie du groupe Raydio, qu’il fonde en 1977. Bonham participe au premier album, co-signant notamment la chanson Get down et chantant You need this (To satisfy that), en plus de son rôle de clavier. Ecarté du groupe par la suite, il travaille alors avec Jerry Knight, l’ancien chanteur du groupe, et Maxine Nightingale, puis assure des chœurs en studio, en particulier pour B.B. King, Jimmie Vaughan et Keb’ Mo’. Dans les années 2010, il rejoint pour quelque temps une version reformée de Raydio autour d’un autre membre original, Arnell Carmichael, sans participation de Ray Parker Jr…

Ernest “Bilbo” Berger (1951-2023)

Originaire de Tchécoslovaquie, le batteur Ernest Berger fait partie des membres fondateurs du groupe Heatwave, jouant sur l’ensemble des albums parus jusqu’à la séparation de 1982 et sur les principaux tubes comme Boogie night et Always and forever. Il rejoint à nouveau le groupe quand il se reforme dans les années 1990 et y reste jusqu’au début des années 2000. Il était le dernier membre survivant de l’ensemble original.

Félix Sabal-Lecco (19??-2024)

Originaire du Cameroun, le bassiste et batteur Félix Sabal-Lecco a longtemps accompagné Manu Dibango et Youssou N’Dour, ainsi que de nombreux artistes de variété française. Il a également joué sur scène avec Prince à l’occasion de concerts privés en France. 

Pete Rodriguez (1932-2024)

Originaire du Bronx, le chef d’orchestre et pianiste Pete Rodriguez s’impose à partir des années 1960 sur la scène boogaloo, mêlant soul et salsa. Il décroche un tube majeur avec la version originale de I like it like that

Gylan Kain (1942-2024)

Poète, acteur et pionnier du spoken word, Gylan Kain fait partie de la première version des Last Poets, qui participent notamment à la bande originale du film Performance et enregistrent un album “Right On!”, et il écrit en parallèle plusieurs pièces. Il publie en 1970 l’album “Blue Guerilla”, auquel participe un Nile Rodgers pré-Chic, puis participe ponctuellement à quelques projets. 

Textes : Frédéric Adrian

Photo de couverture : © Alonso Garcia

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