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Hommages / 10.10.2023

Ils nous quittent : J.W. Williams, Katherine Anderson, Billy “Soul” Bonds…

Hommages aux artistes disparus récemment.

J.W. Williams (1946-2023)

Né à Tylertown, dans le Mississippi, J.W. Williams s’installe à Chicago en 1962. Chanteur et bassiste, il monte dans les années 1970 son propre groupe, les Chi-Town Hustlers, qui publie au milieu de la décennie un single dans un registre funk, Gangster funk.

Membre du club restreint des bassistes-chanteurs (avec notamment “Queen” Sylvia Embry, Big Mojo Elem et Willie Kent), il commence à la même période à accompagner sur disque et sur scène des musiciens de la ville comme Junior Wells, Syl Johnson, Phil Guy et surtout Buddy Guy, qu’il seconde sur plusieurs albums JSP et Isabel. Au début des années 1980, il fait partie avec Lurrie Bell et Billy Branch de l’aventure des Sons of Blues, participant notamment à la tournée de l’American Folk Blues Festival, aux albums “Where’s My Money?” et “Romancing The Blue Stone” et à l’anthologie “The New Bluebloods (The Next Generation Of Chicago Blues)”. Avec les Sons of Blues, il accompagne également quelques figures de la génération précédente comme Carey Bell, James “Son” Thomas et Buster Benton.

Il relance ensuite son propre groupe, J.W. Williams & The Chi-Town Hustlers, qui joue régulièrement dans les clubs de Chicago et apparaît aux côtés de Magic Slim & The Teardrops et Eddie Shaw & The Wolf Gang sur l’album “A Tribute To Magic Sam”. Dans les années 1990, il forme un partenariat avec le guitariste japonais Shun Kikuta, avec lequel il enregistre deux albums. Si sa carrière personnelle reste discrète et essentiellement cantonnée dans les clubs de Chicago, il est une présence régulière sur la scène locale, apparaissant par exemple sous son nom lors du Chicago Blues Festival de 2022. Une anthologie autoproduite, “Standing In The Future… Looking At The Past – Two Decades Of The Greatest Hits 1989-2009”, retrace son parcours.
Photo : Chicago 2022 © Brigitte Charvolin

Katherine Anderson (1944-2023)

Née à Ann Arbor, c’est à Inkster, une banlieue de Détroit, que grandit Katherine Anderson. Elle est encore au lycée quand elle monte un groupe vocal avec quelques camarades, Gladys Horton, Juanita Cowart, and Georgia Dobbins. Sous le nom des Casinyets puis des Marvelettes, l’ensemble se produit un peu partout jusqu’à décrocher le Graal : une audition chez Motown.

Please Mr. Postman, écrit et chanté par Dobbins, leur permet de signer un contrat avec Berry Gordy. Retravaillé par Brian Holland et Ronbert Bateman et finalement interprété par Wanda Young après le départ de Dobbins, le single devient le premier disque Motown à atteindre le sommet du Hot 100. Bien que leur popularité soit assez vite éclipsée par l’émergence des Supremes et que de nombreux changements de personnel viennent brouiller leur identité artistique, le groupe continue à travailler régulièrement jusqu’à la fin des années 1970 et à produire des tubes comme Playboy, Beechwood 4-5789, Too many fish in the sea, Don’t mess with Bill ou le superbe The hunter gets captured by the game.

Bien que le rôle de chanteuse principale change à plusieurs reprises de titulaire, Anderson, qui est la seule constante des débuts de la carrière du groupe à la fin du contrat Motown, se contente d’un poste de choriste. Lorsque le groupe se sépare en 1970, elle quitte l’industrie musicale, se lançant dans une carrière de travailleuse sociale. Après avoir décliné toute participation aux reformations du groupe dans les années 1990, elle récupère, après un long processus juridique, les droits sur le nom du groupe, qu’elle relance, après près de cinquante ans de retraite, à la fin des années 2010, se produisant régulièrement sur scène aux côtés de membres plus jeunes.

Billy “Soul” Bonds (19??-2023)

Originaire de Briscoe, dans l’Arkansas, Billy “Soul” Bonds se lance dans une carrière de chanteur dès la fin de ses études, d’abord avec des groupes locaux, puis dans les années 1970 avec différents groupes dont Illini Connection, qui enregistre un single en 1977 pour Silver Dollar Records.

Il se lance en solo dans les années 1980, publiant un premier album en 1985, “Deep Inside My Soul”, pour MT Records, un des nombreux labels de James Bennett, dont une chanson, Are you leaving me?, connaît un petit succès sur le circuit sudiste. Il publie ensuite une série d’albums destinés à ce public tout au long des années 1990, d’abord pour Right Time Records, puis pour Avanti, le label de Johnny Vincent.

Dans la décennie suivante, après un album sur HusLa, il signe avec Waldoxy, un des labels de Malaco, pour lequel il publie deux albums, “Here Kitty Kitty!” et “Cat Daddy”. Il décroche un nouveau tube régional avec Scat cat, here kitty, kitty, qui lui permet de se produire régulièrement sur le circuit sudiste, dont il reste un habitué jusqu’au début des années 2020. Ses chansons ont été enregistrées entre autres par Ronnie Lovejoy, Rue Davis et Pat Brown.

John Rhys Eddins (1941-2023)

Originaire d’Angleterre, mais installé aux États-Unis à l’enfance, John Rhys Eddins se fait remarquer dans les années 1960 sur la scène de Détroit en tant qu’ingénieur du son, auteur-compositeur et producteur pour différents labels locaux comme Impact Records (pour lequel il publie même un single sous son nom en 1967) et Wingate. Il est notamment l’auteur de Time will pass you by, chanté par Tobi Lark sous le nom de Tobi Legend et devenu un classique majeur de la scène northern, repris dans les années 1990 par… Kylie Minogue ! Il travaille également avec des artistes comme Shades Of Blue, les Dramatics, Edwin Starr et les Sunliners (futurs Rare Earth). Installé en Californie, il y ouvre les studios Hollywood Central Recorders, où enregistrent notamment Klymaxx et Howard Johnson.

Dewitt Johnson (1945-2023)

Originaire de Nashville, Dewitt Johnson se fait remarquer en tant que pianiste dans son église avant de monter au milieu des années 1960 une chorale, le B.C. & M Mass Choir, qui ne tarde pas à se distinguer sur la scène gospel et publie à partir des années 1970 et jusqu’à la décennie suivante une série d’albums, en particulier pour Creed et Nashboro.Il est le fondateur à la fin des années 1960 d’un autre groupe, The Johnson Ensemble, qui enregistre régulièrement tout au long des années 1970 et 1980, en particulier pour Jewel, Creed, New Birth et Savoy et connaît un grand succès, au point d’apparaître en 1975 dans le film Nashville de Robert Altman. Outre ses activités de pianiste et de leader de groupe, Johnson a écrit une bonne partie du répertoire des deux ensembles.

Fred Lewis (19??-2023)

Basé à Dayton, dans l’Ohio, le percussionniste Fred Lewis rejoint au début des années 1970 le groupe Ohio Lakeside Express. Découvert par Dick Griffey, l’ensemble signe avec Motown, sans résultat concret, puis ABC-Dunhill où, rebaptisé Lakeside, il publie un premier album. C’est cependant quand il rejoint le label de Griffey, Solar, que le succès commence, en 1978, avec la chanson It’s all the way live signée par Lewis. Celui-ci participe ensuite à l’ensemble des disques du groupe jusqu’à la fin des années 1980, cosignant avec ses collègues le tube Fantastic voyage et quelques autres titres dont We want you (On the floor). Quand la carrière discographique de Lakeside s’arrête, il continue à tourner avec l’ensemble sur le circuit de la nostalgie jusqu’à ce que sa santé l’en empêche. En dehors de Lakeside, il est apparu sur des disques de Lenny Williams, Freda Payne, Marilyn McCoo & Billy Davis, Jr., The Whispers, Shalamar… 

Haywood Barnes (1941-2023)

Membre historique des Sunset Jubilaires fondés par son frère F.C. Barnes, Haywood Barnes participe aux différents albums du groupe (y compris “It’s Your Time”, qui lui offre une nomination aux Grammys), partageant régulièrement le chant principal avec son neveu Luther Barnes.

George Bussey (1958-2023)

Multi-instrumentiste, producteur, arrangeur, George Bussey travaille à partir de la fin des années 1970 en studio avec des artistes comme Joe Simon, Loleatta Holloway, les Four Tops, First Impression, les Trammps, Curtis Mayfield, Linda Clifford… Il publie en 1979 un album sur Atlantic sous le nom de la George Bussey Experience, “Disco Extravaganza Phase 1”.

Gary Wright (1943-2023)

Bien qu’il soit originaire du New Jersey, c’est en Angleterre que Gary Wright se fait remarquer, en tant que leader du groupe rock Spooky Tooth, mais aussi en tant que musicien de studio, aux claviers, participant notamment à l’album de B.B. King “In London”. Également auteur-compositeur, ses chansons sont enregistrées, entre autres, par Sisters Love, Mel & Tim, Merry Clayton, Mighty Sam, Sonny Charles, R.B. Greaves, B.B. King, les Raeletts, Nancy Wilson, Fat Larry’s Band… 

Larry Chance (1940-2023)

Originaire de Philadelphie, c’est à New York que Larry Figueiredo, rebaptisé Larry Chance, lance son groupe doo-wop, les Hi-Hatters. Devenus les Earls, l’ensemble, dont Chance est le chanteur principal, décroche en 1962 un tube avec Remember then, paru sur le label Old Town, qui devient un classique du genre. Après quelques autres succès, le groupe, rebaptisé Larry Chance and the Earls, s’impose sur le circuit de la nostalgie à partir des années 1970. Si Chance publie ponctuellement des disques sous son seul nom, c’est avec le groupe qu’il continue à se produire régulièrement. 

Richard Davis (1930-2023)

Originaire de Chicago, c’est à New York que le contrebassiste Richard Davis se fait remarquer. Devenu un habitué des studios locaux, il enregistre, entre autres, avec Sarah Vaughan, Eric Dolphy, Roland Kirk, Andrew Hill, Jimmy McGriff, Dizzy Gillespie, Quincy Jones et Pharoah Sanders et intègre les rangs du Thad Jones/Mel Lewis Orchestra. Musicien tout terrain – il enregistre notamment avec Van Morrison et Bruce Springsteen –, il accompagne également Josh White, Marlena Shaw, Charles Brown, Jimmy Witherspoon, David Newman, Ruth Brown, Bo Diddley, Donny Hathaway, Roy Ayers, Bonnie Raitt… 

Khris Kellow (19??-2023)

Collaborateur régulier du duo de producteurs David Frank et Mic Murphy (qui enregistrent sous le nom de The System), Khris Kellow se lance dans les années 1980 dans une carrière tout terrain qui le voit aussi bien assurer les rôles de choriste et d’accompagnateur de studio (aux claviers) que ceux de producteur et d’auteur-compositeur. Au fil des années, il participe, à un titre ou à un autre, à des disques de Bobby Brown, Cherrelle, The Temptations, Aaron Neville, Patti LaBelle, Kleer, Howard Johnson, Thelma Houston, The Pointer Sisters, Ray Charles, Alexander O’Neal… 

Lavell Jones (19??-2023)

Originaire de St. Louis, dans le Missouri, cousin de Little Walter, le batteur Lavell Jones a accompagné sur scène et parfois sur disque Lucky Peterson, Zac Harmon et Sugaray Rayford, avec qui il s’est régulièrement produit en France. 

Bernie Marsden (1951-2023)

Figure de la scène rock britannique dès les années 1970, en particulier au sein du groupe Whitesnake, le guitariste Bernie Marsden a profité de sa carrière solo pour saluer ses influences blues et blues rock, dédiant des albums au répertoire de Peter Green et Rory Gallagher ou au catalogue Chess. Il avait coproduit deux albums de Larry Johnson (“Blues For Harlem” et “The Gentle Side Of Larry Johnson”) et collaboré avec Michael Roach. 

Bob Feldman (1940-2023)

Auteur-compositeur et producteur, Bob Feldman devient à partir de la fin des années 1950 un habitué des studios new-yorkais, souvent avec ses partenaires Richard Gottehrer et Jerry Goldstein. Ses chansons sont enregistrées, entre autres, par les Angels (My boyfriend’s back), Jerry Lee Lewis (I’m on fire), les McCoys (Hang on sloopy), les Jive Five, Martha And The Vandellas, Jerry Butler, Mary Wells, Barbara Lewis, les Impressions, Tom Principato, Andy J. Forest…

Textes : Frédéric Adrian

Bernie MarsdenBilly “Soul” BondsBob FeldmanFred LewisFrédéric AdrianGary WrightGeorge BusseyHaywood BarneshommageIls nous quittent : J.W. WilliamsJohn Rhys EddinsKatherine AndersonKhris KellowLarry ChanceLavell JonesRichard Davis