Cissy Houston (1933-2024)
08.10.2024
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Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment.
Un tube, un seul, mais qui a traversé les années et reflète aujourd’hui encore son époque… Née à Elizabeth City, en Caroline du Nord, Barbara Harris chante dès l’enfance dans les églises des environs, et ajoute la danse à ses talents quand elle suit sa famille à New York. C’est là qu’elle monte, avec quelques camarades de lycées, un groupe vocal, The Charlettes, qui ne tarde pas à assurer des chœurs pour d’autres artistes et à enregistrer quelques singles pour des microlabels locaux. Rebaptisé The Toys, le trio signe avec le label DynoVoice de l’auteur-compositeur et producteur à succès Bob Crewe et connais un énorme tube – deuxième place du Hot 100 de Billboard – avec A lover’s concerto, un titre composé et produit par le duo Sandy Linzer et Denny Randell à partir d’une pièce du compositeur classique Christian Petzold et dont Harris assure la voix principale. Si le groupe, qui apparaît dans les principales émissions de télévision pour ados et même dans le film « It’s a Bikini World », place ensuite quelques autres titres dans les classements, au point de pouvoir sortir un album en 1966, “The Toys Sing « A Lover’s Concerto » and « Attack! »” dont la plupart des titres sont chantés par Harris en voix principale, le succès est éphémère, et même plusieurs changements de label n’y font rien. Harris quitte le groupe pour se concentrer sur sa famille, tout en continuant à chanter localement, avant de relancer sa carrière sur le circuit de la nostalgie en montant sa propre version des Toys, avec laquelle elle se produisait encore récemment. Elle avait également publié en 1998 un CD solo autoproduit, “Barbara Now”.
Photo : The Toys, avec de gauche à droite : June Monteiro, Barbara Harris et Barbara Parritt. © Collection Gilles Pétard
Originaire de Bristol dans le Connecticut, Keith LeBlanc se passionne pour la batterie dès l’enfance et ne tarde pas à se produire localement. Sa carrière décolle à partir de 1979 quand Harold Sargent lui propose de le remplacer au sein de la section rythmique du label Sugar Hill Records aux côtés de Doug Wimbish et Skip McDonald. Jusqu’en 1983, il participe aux principales séances du label, jouant sur quelques classiques majeures des débuts du hip-hop par Sugarhill Gang et Grandmaster Flash & The Furious Five notamment, mais pour des artistes soul, jazz et R&B comme The Moments, Jack McDuff, Chuck Jackson, Candi Staton ou la patronne du label, Sylvia Robinson. Il travaille ensuite pour le label Tommy Boy, où il participe notamment au single associant Afrika Bambaataa et James Brown. Avec ses collègues Wimbish et McDonald, il fonde ensuite le groupe Tackhead, avec le producteur britannique Adrian Sherwood, puis, avec les mêmes, Little Axe, qui reste actif jusqu’à la fin des années 2010. Il participe également à de nombreuses séances, accompagnant aussi bien Nine Inch Nails que Tina Turner, en passant par Will Downing, Lou Rawls, Living Colour, Brooklyn Funk Essentials, Seal… Il publie également plusieurs albums sous son nom, dont “Chess Moves: Future Blues” en 2008 et “The Chess Project: New Moves” l’an dernier, sur lesquels il retravaille avec ses compères habituels des classiques du blues.
Bien qu’il se soit installé à Austin après l’ouragan Katrina, c’est à la scène musicale de La Nouvelle-Orléans que le bassiste et chanteur Nick Daniels III est essentiellement associé. Ami d’enfance d’Ivan Neville, il monte avec lui les Uptown Allstars, qui deviennent au début des années 1980 l’orchestre des Neville Brothers (il apparait sur l’album live “Nevillization”, enregistré en 1982).
Avec Ivan Neville, il passe également quelque temps à Los Angeles, où il intègre le groupe d’Etta James. En studio, il participe à de nombreux projets associés soit à la famille Neville ( l’album “Valence Street” de la fratrie et des disques solos d’Aaron, Cyril et Ivan en particulier), soit aux Meters (des disques de Leo Nocentelli, George Porter et Zibagoo Modeliste). Les années 1980, 1990 et 2000 le voient intervenir sur de nombreux enregistrements, soit comme bassiste, soit comme choriste, aux côtés notamment d’Anders Osborne, Larry Garner, Jon Cleary, Bobby Charles, Henry Butler, Big Sam, les Jazz Crusaders, les Wild Magnolias…
À partir de 2003, sa basse, combinée à celle de Tony Hall, est un élément majeur du son du Dumpstaphunk d’Ivan Neville, et il tourne et enregistre avec l’ensemble, devenu un des groupes phares de la scène funk américaine et dont le dernier album, “Where Do We Go From Here”, est paru en 2021.
Originaire de Buffalo, le clavier Billy Nunn grandit dans une famille musicale : son père William est le patron d’un club, le Jan’s Supper Club, où se produisent aussi bien Cannonball Adderley et Sonny Stitt que Millie Jackson et les Ohio Players, et d’un label, Mo Do Records, pour lequel enregistre notamment son frère Bob au sein du duo Bob & Gene. Billy Nunn commence sa carrière professionnelle en tant qu’organiste quand il rejoint le groupe du vibraphoniste Johnny Lytle, avec qui il tourne trois ans et enregistre plusieurs albums, puis l’orchestre des Softones. De retour à Buffalo, il fait la connaissance de Rick James, qui se prépare à lancer sa carrière solo, et travaille avec lui sur son premier album, “Come Get It !” sur lequel il joue des claviers, comme son frère Bobby. Il co-écrit avec James son premier tube, Mary Jane, sans être crédité. Peu de temps après la sortie du disque, cependant, Nunn quitte l’orchestre de James pour monter avec son frère le groupe Splendor qui publie en 1979 un unique album sur Columbia produit par Phillip Bailey. Au début des années 1980, il collabore aux deux albums Motown de Bobby. Il s’installe ensuite à Las Vegas, où il travaille notamment avec la fille de Berry Gordy. Au début des années 2000, il retrouve Rick James mais leur travail en commun est interrompu par la mort de celui-ci. Il joue ensuite quelques années au sein d’une version du Stone City Band qui rend hommage à son ancien patron, tout en continuant à être un habitué des scènes de Las Vegas.
Talent précoce, Carle Vickers se met en saxophone, à la flûte et à la trompette dès son enfance, et fait ses débuts professionnels au sein de l’orchestre maison du Howard Theater de Washington dès le milieu des années 1960, avant de tourner dans le courant de la décennie avec Sam & Dave et Johnnie Taylor et d’enregistrer avec les Isley Brosthers. Dans les années 1970, il joue avec Johnny Otis et enregistre avec Little Richard, Mel Brown, les Manhattans et Bill Withers. Il fait partie des membres fondateurs du groupe LTD, avec qui il tourne – notamment en première partie des Jacksons pour le Victory Tour – et enregistre une série d’albums pour A&M puis Mirage jusqu’au début des années 1980, décrochant plusieurs tubes dont Love ballad, (Every time I turn around) Back in love again et Holding on (When love is gone), cosignant ponctuellement quelques titres. Après la séparation du groupe, il produit un single de Jimmy « Bo » Horn, tourne avec LL Cool J et intègre l’orchestre de Solomon Burke, avec qui il apparaît sur scène et sur disque jusqu’à la fin de la vie de celui-ci. Il joue aussi régulièrement avec Phillip Walker, avec qui il apparaît notamment au Méridien, ainsi qu’avec d’autres musiciens dont Little Milton, Bobby Womack et le Blues Brothers Band. Dans les années 1990, il intègre le groupe Guitar Jack and the No Slack Band, qui se produit régulièrement dans les clubs de Los Angeles, y compris au B.B. Kings. Avec deux anciens membres, il participe dans les années 2000 à une reformation de L.T.D. qui se produit sur le circuit de la nostalgie et public un album. Musiciens tout terrain, il participe également à des musiques de film et à des jingles publicitaires.
Originaire de La Nouvelle-Orléans, Eddie Powers chante avec différents orchestres locaux, mais ne rate pas sa chance quand il est invité de façon impromptue à remplacer en studio le chanteur habituel des Stereos d’Earl Stanley. Le succès local de Gypsy woman told me fait de lui le titulaire du poste, et il enregistre jusqu’au milieu des années 1960 une poignée de singles avec Stanley et son groupe pour Sims, Pitassy et Ronn. Si sa carrière discographique s’arrête rapidement, il continue à se produire régulièrement dans les clubs de Metairie avec le groupe de Stanley, tout en pilotant un restaurant de po-boys local.
Figure de la scène soul de Washington depuis la fin des années 1960, Joe Blunt fait ses débuts discographiques – aux côtés de son camarade de lycée Glenn Leonard, futur Temptation – au sein des Chancellors, qui publient deux singles pour Cap City, avant de rejoindre, toujours avec Leonard, le groupe local Instant Groove puis The True Reflection, qui enregistre pour Atco l’album “Where I’m Coming From” avec l’élite des studios de Philadelphie. En 1975, il rejoint les Drifters, dont le chanteur principal est alors Johnny Moore, et est le chanteur principal sur quelques titres parus sur les albums du groupe, encore très populaire en Grande-Bretagne. Il quitte l’ensemble au milieu des années 1980 et retourne à Washington où il se produit régulièrement, notamment dans un format gospel. Il retrouve quelques anciens collègues au début des années 2010 au sein des Drifters Legends, qui se produisent en particulier en Angleterre, et retrouve en 2017 son vieux camarade Glenn Leonard pour un single en trio avec un autre ancien de The True Reflection, Joe Coleman.
Originaire de Portand, le clavier Donald Hepburn ne tarde pas à se faire remarquer sur la scène locale avec son groupe The Soul Masters. En 1972, il intègre le groupe Pleasure, issu de la fusion des Soul Masters avec un autre ensemble local, Franchise, emmené par le guitariste Marlon McClain. Découverts par Grover Washington Jr, les musiciens commencent à travailler avec Wayne Henderson, le tromboniste des Crusaders, qui leur permet de signer avec le label Fantasy pour lequel le groupe enregistre six albums, en général sous la houlette d’Henderson. Outre son rôle de clavier et de choriste, Hepburn signe plusieurs titres, dont Ghettos of the mind, Joyous et The real thing. Le groupe se sépare en 1982, après un dernier disque pour RCA. Discret ensuite, Hepburn contribue néanmoins une composition à l’album posthume de Miles Davis “Doo-Bop”.
Originaire du Queens, le saxophoniste Casey Benjamin se fait remarquer dès la fin des années 1990 aux côtés de DJ Logic, Arto Lindsay, Bilal, Allison Crockett, DJ Spinna et au sein du Blackout de Stefon Harris, mais c’est sa participation aux différents projets de Robert Glasper à partir de l’album “Black Radio” au début des années 2010 qui le fait réellement émerger. Il participe également à des disques de Solange, Phillip Bailey, Kinga Głyk, Brandee Younger… Il avait lancé en 2023 un projet avec deux musiciens français, les Honnet Brothers.
Membre d’une des plus importantes fratries du R&B, Arthur Tavares a participé à l’ensemble des aventures familiales, des débuts à la fin des années 1950 sous le nom de Chubby and the Turnpikes au succès des années 1970 sous le nom de Tavares, au cours desquelles le groupe enchaîne les tubes – cinq numéros un du classement R&B de Billboard, dont Heaven must be missing an angel et Whodunit. S’il n’est que rarement le chanteur principal sur les titres les plus connus, il assure régulièrement le rôle sur les albums. À partir de 1984, alors que le succès commercial du groupe s’étiole et qu’il s’installe durablement sur le circuit de la nostalgie, il prend en plus de son rôle de chanteur la responsabilité du management de l’ensemble, qu’il assure jusqu’à ce qu’une attaque en 2014 l’oblige à prendre sa retraite à la fois de la scène et de ses fonctions administratives.
Poète, activiste, manager, musicien : à partir des années 1960, John Sinclair est une figure majeure de la contre-culture. Amateur, parmi bien d’autres choses, de musique afro-américaine, il contribue à l’organisation au début des années 1970 du festival blues d’Ann Arbor et écrit régulièrement des notes de pochettes pour des albums de Luther Allison, Solomon Burke, Little Sonny, James Cotton et de nombreux musiciens de La Nouvelle-Orléans, où il réside dans les années 1990. Il publie également plusieurs disques sous son nom, reprenant régulièrement des classiques du blues.
Originaire de Philadelphie, le batteur Albert Heath fait ses débuts discographiques aux côtés de John Coltrane à la fin des années 1950 et s’impose comme une présence régulière en studio tout au long des années 1960 et 1970, travaillant notamment avec Art Farmer, Dexter Gordon, Herbie Hancock, J.J. Johnson, Yusef Lateef ou son propre frère Jimmy Heath. Il est également le batteur du premier album de Nina Simone, avec la version classique de My baby just cares for me. S’il n’enregistre que ponctuellement sous son nom, il travaille régulièrement sur disque et sur scène en trio avec ses frères Jimmy et Percy à partir des années 1970 sous le nom des Heath Brothers, dont il était le dernier survivant.
Après des débuts comme journaliste et animateur radio, Michael Cuscuna commence à travailler comme producteur, en particulier pour Atlantic (“Buddy And The Juniors” de Buddy Guy, Junior Mance & Junior Wells, “Play The Blues” de Buddy Guy & Junior Wells, “Hold That Plane !” de Buddy Guy, “Give It Up” de Bonnie Raitt, “Oh Girl” de Young-Holt Unlimited et de nombreux disques jazz) mais aussi ailleurs (“Night Life” de Luther Allison. Il se spécialise ensuite dans les rééditions et la publication d’inédits, en particulier pour Impulse ! et Blue Note. En 1983, il cofonde le label Mosaic, spécialisé dans les coffrets et intégrales comme “The Complete Aladdin Recordings Of Charles Brown” ou “The Complete Candid Otis Spann / Lightnin’ Hopkins Sessions”. Il écrit également plusieurs centaines de notes de pochettes. Son travail lui a valu trois Grammys dans les catégories historiques.
Activiste de la scène musicale de La Nouvelle-Orléans, le percussionniste Chris Jones avait fondé et dirigé les 101 Runners, un groupe auquel ont collaboré, notamment, Big Chief Monk Boudreaux, Uganda Roberts et Kirk Joseph.
Le dessinateur Ed Piskor avait notamment publié quatre volumes d’une histoire du hip-hop, Hip Hop Family Tree.
Membre du trio de producteurs basé à Atlanta Organized Noize, Rico Wade avait contribué à des disques de TLC, En Vogue, Outkast, Blackstreet, Macy Gray, Brandy, Earth, Wind & Fire, The Brand New Heavies, Janelle Monáe, Curtis Mayfield…
Peintre, sculptrice, illustratrice, créatrice de patchwork, l’artiste visuelle Faith Ringgold, originaire de Harlem, a largement puisé dans l’expérience afro-américaine au sens large pour créer une œuvre nourrie de folk art mais aussi de musique, comme l’illustre la série des Jazz Stories. Ses œuvres sont exposées dans les plus grands musées américains, du MOMA à l’Art Institue of Chicago.
Originaire du Nebraska, le guitariste Calvin Keys lance sa carrière personnelle, qui se poursuit ensuite par intermittence jusqu’aux années 2020, avec deux albums pour Black Jazz. Il travaille en parallèle en tant qu’accompagnateur pour Ray Charles et Ahmad Jamal et enregistre avec Doug Carn, Billy Brooks, James Van Buren…
Membre fondateur du Allman Brothers Band, Forrest Richard Betts en devient le guitariste principal et chanteur occasionnel au décès de Duane Allman et ne quitte le groupe qu’en 2000, participant à l’ensemble de ses disques jusque-là, Il mène également différents projets personnels (Betts, Hall, Leavell and Trucks et Dickey Betts & Great Southern).
Originaire de Chicago, le batteur Jeff Ruffin avait notamment joué avec Billy Branch et les Sons of Blues (qu’il accompagne sur l’anthologie « Living Chicago Blues »), Willie Dixon et Jo Jo Murray.
Découverte dans l’émission American Idol en 2005, la chanteuse Mandisa Lynn Hundley avait ensuite publié une série d’albums gospel bien accueillis.
Figure de la scène blues de Détroit, Robert Jr Whitall avait cofondé en 1995 Detroit Blues Magazine, rapidement rebaptisé Big City Rhythm and Blues.
Textes : Frédéric Adrian