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Hommages / 06.12.2020

Ils nous quittent : Ben Wiley Payton, Bradley Bobo, Dick Alen, Patrice Cuisset

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment.

Ben Wiley Payton (1948-2020)
Bien qu’il n’ait que peu enregistré (un album autoproduit, “Diggin’ Up Old Country Blues”, en 2009) et ne semble pas avoir tourné en Europe, Ben Wiley Payton était une figure familière des amateurs de blues du Mississippi, se produisant régulièrement localement et dans différents festivals, parfois sous l’égide de la fondation Music Maker.

Né à Coila, une petite communauté proche de Greenwood, installé à Itta Bena dans son enfance après le décès accidentel de son père, Payton déménage à l’adolescence avec sa famille à Chicago. Il s’impose rapidement sur la scène musicale locale, d’abord comme bassiste puis comme guitariste, aux côtés de Bobby Rush, au sein de Joe Evans and the Supersonics et dans les house bands de différents clubs où il accompagne les vedettes soul locales telles que Garland Green.

Au début des années 1970, il rejoint le groupe du pianiste de jazz Randy Weston pour un séjour de plusieurs mois au Maroc, avant de retrouver la scène de Chicago, où il remplace ponctuellement Hubert Sumlin au sein du Wolf Gang désormais mené par le saxophoniste Eddie Shaw. L’arrivée du disco et la volonté de monter une famille le conduisent cependant à renoncer à ses activités musicales professionnelles dans la seconde moitié des années 1970. Il faut attendre le début des années 2000 et son retour dans le Mississippi pour le voir relancer sa carrière, cette fois-ci dans un registre acoustique. Loin de se contenter d’une démarche revivaliste, Payton proposait un répertoire personnel, reposant sur ses propres compositions. Habitué des clubs du Mississippi, de Greenwood à Jackson en passant par Clarcksdale, il s’était également produit au Chicago Blues Festival ainsi que, il y a quelques mois, au Kennedy Center. Living Blues lui avait consacré un article en 2012, dans un dossier consacré à la nouvelle génération du blues acoustique.
Photo © Brigitte Charvolin

Bradley Bobo (1951-2020)
C’est au sein des Notations, un groupe soul découvert par Syl Johnson et qui enregistre alors, comme lui, pour Twinight, que Bradley Bobo se fait remarquer au début des années 1970 : avec Clifford Curry, la voix principale du groupe, il écrit et produit certains des singles du groupe (dont le petit classique A new day). Il accompagne également sur scène Curtis Mayfield et contribue aux enregistrements d’autres artistes de Chicago comme le chanteur Duke Turner ou les Procedures. Au milieu des années 1970, il rejoint en tant que bassiste l’ensemble du saxophoniste Eddie Harris, qu’il accompagne sur plusieurs albums publiés par Atlantic. Installé à Los Angeles, il accompagne sur scène et sur disque les Crusaders pendant les années 1980, ainsi que le saxophoniste Wilton Felder sur un de ses albums solo, avant d’intégrer dans les années 1990 le “Black & Blue” Quartet de Linda Hopkins, avec lequel il se produit notamment en Europe. Au fil des années, il avait contribué, à la guitare ou à la basse, à des disques de Zulema, des Friends Of Distinction et de Doug McLeod, et produit un album de Vel Omarr, “Rhythms And The Blues”.

Dick Alen (1931-2020)
Pendant près de six décennies, des années 1950 à sa retraite en 2010, Dick Alen a joué un rôle majeur dans la carrière de nombreux musiciens afro-américains – au premier rang desquels Aretha Franklin – en tant qu’agent. Il fait ses débuts dans ce rôle dès 1952, chez Shaw Artists où il représente notamment Fats Domino, Ray Charles, les Clovers et les Orioles, avant de rejoindre en 1958 Universal Attractions où il s’occupe en particulier des concerts de James Brown, Dinah Washington, Hank Ballard puis, dans les années 1960, Solomon Burke, Joe Tex, et Johnnie Taylor. Il organise également des tournés européennes pionnières pour Chuck Berry (dont il reste l’agent pendant plus de 50 ans) et Little Richard. Il rejoint ensuite au début des années 1970 l’agence William Morris, où il gère notamment les engagements de Barry White et d’Aretha Franklin, qu’il continue à conseiller même après sa retraite officielle. Agent du comique Pigmeat Markham, il cosigne son tube Here comes the judge, publié sur Chess en 1968. 

Patrice Cuisset (1958-2020)
Figure de la scène blues bordelaise pendant plus de trente ans, le guitariste a appartenu à différentes formations locales, dont Art 314 (dans un registre pub rock) et les Flying Saucers, et longtemps accompagné le vétéran britannique installé en France Victor Brox.  

Textes : Frédéric Adrian

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