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Chroniques / 26.03.2020

Young Gun Silver Fox, Canyons

Bien que tous deux basés à Londres, les Young Gun Silver Fox ont réussi en deux albums à s’imposer comme les nouveaux rois de la West Coast. On ne parle pas ici de rap mais de cette pop-soul typique du Los Angeles des années 1976 à 1983. Aujourd’hui, le duo transatlantique passe la troisième.

Comme toujours, l’émulation entre ces deux musiciens d’âges et d’horizons différents est formidable : Shawn Lee, multi-instrumentiste américain touche-à-tout et véritable geek des claviers vintage, a trouvé en l’Anglais Andy Platts, la voix d’or soul de Mamas Gun, le partenaire idéal pour recréer cet écrin analogique exceptionnellement smooth. Et pour napper le tout d’un onctueux glaçage de cuivres, nos deux compères ont fait appel aux Seaweed Horns, dont le nom rend un hommage taquin aux légendaires Seawind. En résulte un album plus cuivré que les précédents, où l’influence de Earth, Wind & Fire est plus présente que jamais (Dream woman, Long distance love affair avec son intro au kalimba). Un peu plus ‘80s aussi comme sur Baby girl, lumineuse ballade princière, ou Danny Jamaica, synth pop syncopée façon Hall & Oates. Mais les sonorités ‘70s dominent encore et nous rappellent leur habileté à marier le meilleur des sphères soul funk et pop rock. Imaginez Keni Burke ou Michael Wycoff s’enfermant en studio avec Steely Dan ou les Doobie Brothers et vous obtenez l’excellent Kids, au groove chaloupé irrésistible.

On se délecte du capiteux Things we left unsaid, quiet storm de minuit sous influence Quincy Jones, se régale des harmonies soyeuses de Who needs words, dont la basse mutine jazzy dodeline non loin du Chuck E’s in love de Rickie Lee Jones, et finit par s’émouvoir sur la ballade piano-voix soft rock All this love, où Platts fait planer son falsetto sensible sur des accords à la Todd Rundgren. Radieux.

Mathieu Presseq

Note : ★★★★
Label : Légère
Sortie : 20 mars 2020

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