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Chroniques / 27.03.2024

Thee Sinseers, Sinseerly Yours

Il y a quelques années on pressentait un avenir radieux à Joey Quiñones, architecte en chef de nombreux projets flirtant avec des vibrations à l’ancienne d’une soul tendance “lowrider” et acteur incontournable de la scène musicale ­chicano par ailleurs en plein revival du côté de East L.A.

Après quelques zigzags ska et rocksteady, un single chez Penrose-Daptone, deux ou trois autres pour Mango Hill, c’est chez Colemine qu’il publie le tout premier LP de sa formation “tête de gondole”, Thee Sinseers.  Malgré l’évidente jeunesse du combo (des trentenaires tout au plus), on devine que les neuf membres se sont religieusement nourris des grandes heures de la soul, du R&B et du doo-wop de la charnière 1950-60. Car à l’écoute de ces succulents dix titres et de leurs arrangements radieux, ce sont bien les fantômes de Billy Stewart, des Thee Midniters ou les irrésistibles harmonies de The Deltairs qui flottent dans l’air. Rétro c’est trop ? Quand le job est exécuté avec cette classe, ce sens de l’interprétation et des lignes mélodiques à faire fondre votre partenaire en pleine soirée de ­Saint-Valentin, on a plutôt envie de dire banco.

Le choix de compositions relativement simples, de tempos dangereusement lascifs et de quelques petits détails soulignant la culture d’origine du patron ne fait que renforcer tout le reste. La souplesse des chœurs, la richesse des arrangements et la tessiture vocale de Quiñones qui, parfois, sans qu’on l’ait vu venir, fait des petits miracles dans ce genre qu’il affectionne (Give it up you fool, Hold on, Sinseerly yours). Soyez prévenu, le soft power chicano est en marche.

Julien D.

Note : ★★★★ (+ Scoop)
Label : Colemine
Sortie : 22 mars 2024

albumThee Sinseers