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Chroniques / 13.04.2020

The Wood Brothers, Kingdom In My Mind

Un demi-siècle après la publication de “Music From Big Pink”, les héritiers du Band n’ont jamais été aussi nombreux. Pas un mois ne s’écoule sans qu’ils n’écrivent un chapitre additionnel de cette americana graisseuse évoluant les pieds dans la glaise et les mains dans la country, le blues, le gospel et le rock ‘n’ roll. S’il faut voir dans ce mouvement racinien un acte de résistance dans un contexte de technologie triomphante et de planète en danger, les Wood Brothers, originaires du Colorado, n’ont pas attendu 2020 pour s’engager.

Le contrebassiste Chris Wood se fit connaître au sein du combo jazz funk Medeski, Martin & Wood et Oliver, son guitariste de frère, pilota durant douze ans le combo R&B King Johnson. Complété du multi-instrumentiste Jano Rix, le trio existe depuis 2004 et a publié une dizaine de CD. “Kingdom in My Mind”, leur sixième en studio, possède d’indéniables qualités : chant faussement débraillé harmonisé avec goût, richesse instrumentale (dobro, piano bastringue, orgue rougeoyant, riffs asthmatiques…), chansons fédératrices à reprendre au coin du feu.

À l’instar de leurs illustres prédécesseurs, la rugosité des frères, plus étudiée qu’il n’y paraît, est à géométrie variable. Peu convaincants lorsqu’ils fraient avec le punk (Don’t think about my death, seul point faible du CD), ils excellent dans les ballades folk (The one I love) ou country (Cry over nothing ou Satisfied, belles à se pâmer), les mid tempos hypnotico-bluesy (les ahurissants Alabaster et Little bit broken dotés d’arrangements de chœurs à couper le souffle) ou les rengaines à entonner à pleins poumons (Little bit sweet). Un disque authentique, sincère et réconfortant.

Ulrick Parfum

Note : ★★★★
Label : Honey Jar-Thirty Tigers
Sortie : 24 janvier 2020

The Wood BrothersUlrick Parfum