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Chroniques / 28.03.2020

The Weeknd, After Hours

Soyons honnêtes. C’est avec circonspection que l’on attendait ce nouvel album de The Weeknd, qui, pour avoir abusé du fer à lisser FM, avait fini par doucher les grands espoirs que l’on avait placés en lui. Abel Tesfaye, de son vrai nom, avait bien tenté de revenir à ses fondamentaux avec l’EP de 2018 “My Dear Melancholy,”, mais le résultat avait un goût de réchauffé. Aujourd’hui, le Canadien revoit sa copie et choisit de réunir le meilleur des deux mondes, distribuant habilement les rôles entre underground et mainstream.

À son complice des débuts Illangelo de renouer avec le R&B nocturne à l’atmosphère ténébreuse, suffocante et glaçante, de sa trilogie de mixtapes, avec l’aide de pointures de l’electronica ou du rock psyché, en y ajoutant une pincée de trap. Certains morceaux charrient une dimension cinématique ‘80s évoquant l’univers de Blade Runner, Stranger Things ou des films d’horreur de John Carpenter, à grands renforts de synthés flippants qui viennent tout obscurcir sur leur passage (Alone again). De l’autre bout du spectre, le hitmaker suédois Max Martin concocte quelques morceaux pop mélodieux et étincelants qui font les yeux doux aux radios, tout en piochant allègrement dans la synth pop, l’electro rétro, la dream pop et autres sonorités chères à la décennie de Thriller”. Le rêveur Hardest to love conjugue synthés opalescents et soubresauts drum & bass, le tube Blinding lights verse dans la new wave et le daftpunkien In your eyes se pare de lignes de saxo très ‘80s.

Un opus qui oscille ainsi entre ombre et lumière, au gré des tourments du chanteur, qui continue de lutter contre ses démons, comme sur l’épilogue Until I bleed out. Malgré quelques longueurs et redondances, “After Hours” marque le retour de The Weeknd comme une force créative de premier plan.

Mathieu Presseq

Note : ★★★½
Label : Republic
Sortie : 20 mars 2020

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