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Live reports / 21.12.2019

Sue Foley, Billy Bob’s Saloon, Disneyland Paris

29 novembre 2019.

Grosse déception ! Venue en trio porter la bonne parole du blues devant le public assez nombreux du Billy Bob’s Saloon, Sue Foley est complètement passée à côté de son concert. La faute à des problèmes techniques qui perturbent la première partie du set et l’obligent à revoir l’ordre et l’instrumentation de ses chansons (l’ampli guitare qui explose ; des retours voix dysfonctionnels). La faute surtout à son manque d’implication et à son jeu en pilotage automatique. Elle ne parle quasiment pas aux spectateurs (l’un d’eux fit d’ailleurs perfidement remarquer qu’on ne l’avait pas surnommé la Reine des Glaces pour rien…), multiplie les apartés ironiques avec son bassiste et semble plus concernée par les réglages de ses pédales d’effets que par les gens qu’elle a devant elle. Ses chansons s’éternisent et se ressemblent toutes, ses solos ne vont nulle part et l’absence de soutien harmonique, cumulé aux carences techniques du bassiste, créée un sentiment de vide à la limite du gênant… Même son jeu de scène (poses à genou façon rock star, œillades suivies d’inquiétants regards fixes…) pose question tant il apparaît mécanique, simulé, en complet décalage avec ce qui s’apparente plus à une répétition ou à un soundcheck qu’à un vrai concert.

La déception est d’autant plus grande que la Canadienne n’est pas dépourvue d’atouts. Sa voix mutine et gouailleuse, proche des premiers Bonnie Raitt, possède beaucoup de cachet. Dès qu’elle se concentre et cesse d’aligner les plans sans âme, son jeu de guitare retrouve un punch, un impact évocateur de cette école texane dont elle se réclame avec raison (elle fit ses armes à Austin et fut l’une des protégées de Clifford Antone). On apprécie sa sonorité tranchante, sa technique de finger-picking, ses rythmiques électriques gorgées de tremolo ou ses morceaux acoustiques à la guitare nylon qui font bien ressortir ses qualités vocales. Enfin, Sue Foley est aussi une musicienne à la tête d’un répertoire riche et varié dont on regrette qu’elle ne le défende pas avec plus de conviction, qu’il s’agisse de ses premiers CD Antone’s, de ses collaborations avec Peter Karp, de son épatant (mais ignoré ; il n’est même pas disponible sur Spotify !) ″New Used Car″ de 2006 ou de son petit dernier, l’excellent ″The Ice Queen″, avec en invités Jimmie Vaughan, Charlie Sexton ou Billy Gibbons. 

Bref, un “soir sans” pour une grande artiste visiblement lasse ou perdue (Julien Crué dressait un constat similaire de sa récente prestation au Zénith de Caen). Quand on joue le blues, il n’y a rien de pire que l’absence d’envie… À sauver quand même : sa reprise de Chauffeur blues, bien adaptée à son timbre, son hommage nerveux à Koko Taylor (Don’t mess with the messer) et un Crawlin’ king snake dans lequel elle parvint, enfin, à injecter un peu d’âme.

Texte : Ulrick Parfum
Photos © J-M Rock’n’Blues
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