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Chroniques / 15.03.2024

Seth James, Lessons

Après deux albums aux saveurs texano-louisianaises du meilleur goût, Seth James revient avec un exercice d’hommage à son mentor Delbert McClinton. Pour cela, il s’est entouré du dernier groupe à avoir soutenu le maître, Dick 50. C’est vraiment du grand art, de la belle ouvrage, du ciselé, fait main à partir de matériaux bio sourcés localement.

L’interaction entre les musiciens mérite à elle seule le détour, chacun se plaçant exactement trois millimètres à côté de là où l’on s’attendrait qu’il soit, pour saisir l’attention sans égratigner l’oreille, que l’on soit dans un registre blues (Maybe someday), funk poisseux (Morgan city fool) ou même quasi country (Victim of life’s circumstances). Les cuivres sont délicieux. Les chœurs méritent une mention spéciale tant ils sont merveilleux. Et puis il y a bien entendu ces chansons de McClinton qu’on découvre ou redécouvre à travers l’interprétation de Seth James, le cow-boy tout sauf solitaire, tant il joue collectif. Tout du long James brille dans l’exercice, par son humilité, sa capacité à se mettre au service de son matériau, à se fondre dans son groupe exceptionnel.

Je vous mets au défi de trouver un moment de faiblesse dans cet album. “Lessons” n’est certainement pas là pas nous apprendre que ­Delbert McClinton est un grand, parce qu’on le savait déjà. La vraie leçon que nous donne Seth James, sans avoir l’air de se mettre en avant, c’est qu’il a sa place dans le peloton de tête des hérauts contemporains des musiques que nous aimons ici.

Benoit Gautier

Note : ★★★★★ (Le Pied !)
Label : Qualified
Sortie : 9 février 2024

albumSeth James