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Chroniques / 19.03.2021

Selwyn Birchwood, Living In A Burning House

Il existe une frange d’artistes blues qui ne veulent pas s’imposer de frontières et ouvrir leur musique à des sonorités plus larges. Ainsi Shemekia Copeland et ici Selwyn Birchwood, pour ne citer qu’eux, proposent une musique en lien avec leur époque, appuyée sur une histoire certes blues mais aussi, vu leur âge, rock. C’est frappant et enthousiasmant à l’écoute du nouveau disque de Selwyn, dont le son global évoque une sorte de chaos musical post-industriel, à l’image de la société actuelle. 

L’espoir est présent mais il faut le chercher dans les textes sombres qui posent d’abord les problèmes avant de parler des solutions. Solitude, alcool, amours déçues, dérives sociétales, Selwyn porte un regard acéré sur notre époque, qu’il met en mots avec cette capacité à être explicite tout en laissant des marges d’interprétation. Le morceau-titre parle-t-il de la vie conjugale ou de la société américaine ? Du côté de la musique, le son est riche et puissant, la guitare et le saxophone sont démultipliés, en couches superposées sur les claviers, les rythmes sont marqués, rock sur le morceau-titre, funky sur Revelation, rockin’ gospelisant sur You can’t steal my shine, rhythm and blues jazzy sur She’s a dime

La voix éraillée de Selwyn est étonnamment en accord avec le son, on s’en rend compte quand Diunna Greenleaf duetise avec lui sur Mama knows best, un shuffle costaud avec un beau passage en blues lent. Son timbre clair apporte un contrepoint bienvenu. Selwyn pousse un cri du cœur sur Through a microphone où il dit qu’il ne se sent à la maison que quand il chante son âme pour nous dans un micro. Les ambiances sont donc variées, on peut transpirer et respirer, les durées sont raisonnables, le disque est bien construit jusqu’à la ballade folk acoustique finale.

Christophe Mourot

Note : ★★★★
Label : Alligator
Sortie : 29 janvier 2021

Alligator RecordsChristophe MourotSelwyn BirchwoodSoul Bag 242