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Live reports / 27.07.2019

Ronnie Foster, New Morning, Paris.

16 juillet 2019.

Tout juste une semaine après la venue de Patrice Rushen au sein de l’ensemble de Christian McBride (Soul Bag y était : soulbag.fr/a-christian-mcbride-situation-new-morning-paris/), c’est au tour d’un autre héros des claviers un peu oublié des années 1970-1980 de se présenter sur la scène du New Morning. Si le succès commercial grand public lui a échappé, au contraire de Rushen, il n’en présente pas moins un CV conséquent, avec une poignée d’albums solos pour Blue Note et Columbia et un rôle de partenaire privilégié pour George Benson et Roberta Flack, en plus de ses différentes piges d’accompagnateur sur des disques majeurs de Stevie Wonder (“Songs In The Key Of Life”), Dee Dee Bridgewater, Chaka Khan, Roy Buchanan, les Jacksons, les Temptations et bien d’autres…

Pour ce qui était sans doute sa première prestation parisienne sous son nom, le New Morning est plus que correctement rempli. Sans surprise, c’est en trio classique que Foster se présente, avec Jess Gopen à la batterie – un musicien essentiellement étendu avec des artistes hawaïens – et Jake Langley, surtout connu pour son séjour au sein du groupe de l’organiste Joey DeFrancesco, à la guitare. Ouvert par un hommage à Carlos Santana prévu pour son prochain album, le répertoire du premier set offre des versions à rallonge de titres de Foster (The two-headed frip, extrait de son premier disque, le plus récent Reboot) et salue la mémoire de Jimmy Smith, que Foster présente comme son mentor.

Si Gopen se contente de tenir avec précision la rythmique et suit avec finesse les improvisations de son patron, Langley s’offre une série de solos hélas souvent dans un registre jazz rock plus agressif que nécessaire. Foster de son côté enchaîne les chorus avec une imagination et une maîtrise constantes, évitant les effets faciles auxquels cèdent souvent certains praticiens de l’instrument. Lucky Peterson, présent dans la salle, apprécie en connaisseur le jeu de son confrère. Alors qu’il chante régulièrement sur ses disques, Foster attend le dernier morceau du set, un blues humoristique générique prétexte à faire participer le public, pour dévoiler ses capacités vocales – d’ailleurs relatives ! 

Les contraintes de la vie réelle m’imposent de quitter à regret la salle après le premier set, mais la musique entendue ce soir a suffi à confirmer que la tradition des organistes soul jazz pouvait encore être vivante et stimulante aujourd’hui – comme le prouve déjà le succès d’un Delvon Lamarr…

Texte : Frédéric Adrian

Frédéric AdrianNew MorningRonnie Foster