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Chroniques / 27.10.2023

Robert Finley, Black Bayou

Après trois disques à refuser de choisir entre soul et blues, Robert Finley a pris sa décision : cette fois-ci, c’est un album blues sans concession qu’il nous propose. 

Dan Auerbach est à nouveau aux manettes, mais c’est une équipe resserrée, autour des guitares d’Auerbach et de Kenny Brown, avec la basse d’Eric Deaton et la batterie de Patrick Carney et Jeffrey Clemens (complétés ponctuellement des voix de  Christy Johnson and LaQuindrelyn McMahon, respectivement fille et petite-fille de Finley), qui tient la baraque, sans le renfort des cuivres et claviers des disques précédents. 

S’il est possible, à la première écoute, de regretter la diversité stylistique des autres albums, le sentiment ne dure pas. Sans doute nourri, côté Auerbach, par l’expérience du “Delta Kream” des Black Keys consacré aux standards du blues auquel participaient également Deaton et Brown, “Black Bayou”, dont les conditions d’enregistrement sont évoquées dans notre numéro 252, offre en effet une intensité et un sentiment d’urgence qui ne sont finalement pas si courants dans les disques blues d’aujourd’hui. 

Le choix d’une orientation spécifique n’aboutit cependant pas à un album monocolore. Finley, avec ses partenaires, maîtrise les différentes nuances du genre : si l’ancrage sudiste est une évidence, entre influence du Hill Country blues d’un Burnside et swamp blues moite, il n’interdit ni funky blues à la Lowell Fulson (Sneakin’ around) ni énergie rock (Waste of time), ni même une belle ballade sensible (Nobody wants to be lonely).

Au-delà de ses acolytes, c’est bien Finley lui-même, sa voix souple et expressive (le falsetto de You got it (And I need it)), et sa verve narrative (l’improbable Alligator bait) qui dominent l’ensemble. Une réussite de plus pour Finley !

Frédéric Adrian

Note : ★★★★★ (Le Pied)
Label : Easy Eye Sound
Sortie : 27 octobre 2023

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