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Chroniques / 19.07.2021

Robert Allen Parker, The River’s Invitation

Memphis a tellement marqué de son empreinte la musique populaire du XXe siècle qu’on oublie souvent qu’au-delà du blues, de la country et du rock’n’roll, la ville est aussi à l’origine d’un courant alternatif, iconoclaste et rebelle initié dans les années 1970 par Jim Dickinson, Alex Chilton ou Tav Falco. Décalé et provocateur, le guitariste Robert Allen Parker s’inscrit bien dans cette lignée. Vétéran de la scène locale, il décide après 20 ans de galères de se lancer dans une carrière solo en 2018.

Trois ans après, il en est déjà son quatrième essai. Tout est excessif dans son disque : sa longueur (24 titres !), son éparpillement (ça part dans tous les sens), son égo mal-maitrisé (armé de sa SG double manche, il apparaît trois fois sur la pochette). Et pourtant, malgré ses boursouflures, c’est une réussite. Portés par un aréopage de chanteurs locaux, dont l’épatant Kennard Farmer, des morceaux tels que le funk rock Freedom ain’t a mystery, la space jam Skydog (tribute to Duane Allman), la kinksienne 1 way 2 fly, le rock latino The movement ou la bluesy More than love retiennent durablement l’attention. 

Quant à My mind comes from a high place, empruntée à Chubby Checker, garnie de fuzz et de chœurs velus, elle nous pousse carrément à mettre la sono à fond. Quel fun ! Éruptif, sans filtre, non abouti par endroits, “The River’s Invitation” est un recueil incroyablement jouissif. Au moment d’écrire ces lignes, on apprend que Parker, comme pressé de rattraper toutes ses années perdues, vient encore de sortir un nouveau CD, “The Memphis Sound”. Incroyable on vous dit ! 

Ulrick Parfum

Note : ★★★½
Label : Broken String
Sortie : 26 mars 2021

Robert Allen ParkerUlrick Parfum