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Chroniques / 12.03.2024

Orgone, Chimera

Armures et brands d’arçon déposés, voilà donc les gens ­d’Orgone revenus de leurs aventures de chevaliers perdus combattant dans un univers rock ’70s (“Lost Knights”, 2022). À nouveau sonne donc l’heure de se remettre à l’établi pour y sculpter un ouvrage funk détaillé avec les inspirations du moment.

Pas si vite. À peine les premiers outils sortis que, déjà, les sensations sont différentes. Comme troublées. De leurs virées dans les mondes acid rock, on dirait que quelque chose a subsisté. Qu’un peu de buvard refusant l’élimination complète par les organismes a décidé de jouer les troubles esprits pour ressortir à intervalles surprenants. Les guitares se tordent, l’ambiance se fait afro soul, les orgues envoient de grosses pompes d’air chaud depuis la Jamaïque, la démarcation entre réalité et illusions ne tient plus qu’à une ligne de basse échappée d’une bande originale.

Crachant sur ses plages purement instrumentales un feu dévastateur qui dope par mille sa dimension onirique, c’est par une plongée en apnée dans les marécages de La Nouvelle-Orléans que la chimère racle une pleine marmite du gumbo funk des Meters. Dommage cependant que deux variations africaines sans rapport évident viennent troubler la cohérence et la fantasmagorie du rêve, un peu comme un départ pour l’école en chaussons dans ce moment où Morphée fait de vous un superhéros.

Franck Cochon

Note : ★★★★
Label : 3 Palm
Sortie : 9 février 2024

albumOrgone