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Chroniques / 24.06.2021

LOONY, Soft Thing

Soudain le couple basse-batterie accentue la syncope. Et, mine de rien, change la donne. Cette bascule jouissive en plein milieu de Raw cristallise bien l’effet Loony. En osmose avec son tandem de producteurs multi-instrumentistes – les brillants Akeel Henry et Adam Pondang –, la chanteuse voltigeuse canadienne confectionne des perles parmi les plus finement ouvragées de la foisonnante scène R&B de Toronto. Une évidence depuis le délicieusement aventureux “JOYRiDE”, grand EP de 2020 (cf. SB 239).

Un an après, son successeur n’est pas encore un “debut album” mais un 8-titres articulé pour conter les différents états d’une relation amoureuse. Ce thème ultra classique qui d’habitude l’attire peu, Loony s’en empare avec l’agilité qui la caractérise. Introduit tout en retenue par les caresses de Beg, “Soft Thing” déploie en grand son charme solaire quand retentit le groove exaltant de Royal flush. Le rappeur Mick Jenkins ajoute une couche saillante à un millefeuille bien aéré. Be cool joue malicieusement la carte de l’euphorie trompe-la-peur. Derrière un verni de légèreté, des écoutes répétées révèlent un impressionnant travail vocal. Placement, phrasé, modulation, harmonie… Loony aime varier les plaisirs, sans cesse stimulée par une orchestration alerte.

C’est peut-être encore plus flagrant quand le tempo ralentit. Ce Mine qui regorge de petits détails qui font la différence, ce Either side lové dans un stop and go intense, ce Ours qui s’avance voilé avant de monter en tension… Cette fluidité dans le groove et dans le chant n’est pas sans rappeler Erykah Badu ou Sade. Mais pas question pour Loony de s’assoupir dans un confort neo soul érigé par ses modèles. Il faut que ça vibre à sa manière. Affûtée, fêlée, insaisissable à l’intérieur du cadre. Comme lorsqu’elle embraye un couplet bouillant quand bascule cette puissante déclaration baptisée Raw

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : Autopublié
Sortie : 24 juin 2021

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