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Live reports / 25.10.2019

Leyla McCalla, La Renaissance, Mondeville

17 octobre 2019.

Ça fait plaisir : de voir Leyla McCalla jouer à guichet fermé, dans une jolie salle confortable de 400 et quelques places assises près de Caen. C’est l’avant-dernière date de la tournée européenne de la jeune Haïtienne, ex-New-Yorkaise et désormais Néo-Orléanaise. La veille au soir, le petit groupe (Leyla et un trio contrebasse, guitare, batterie) jouait au Portugal. Naturellement, les corps sont un peu fatigués ; pas les âmes. 

Capitalist blues ouvre le bal : à la fois constat et remède, la chanson-titre du dernier album est un doux manifeste. Leyla McCalla n’aurait-elle pas une main de fer dans un gant de velours ? Dans la lignée de ses aîné(e)s qui, aux temps de la ségrégation, faisaient le pitre pour mieux dénoncer les injustices. Leyla, elle, est sérieuse et douce. Elle alterne banjo, violoncelle et guitare électrique et propose une musique traditionnelle pour aujourd’hui. Dans un français imprécis mais généreux, créole, elle parle beaucoup entre deux morceaux, explique d’où elle vient, pourquoi ses trois enfants qui, pour la première fois, ne voyagent pas avec elles, lui manquent et joue Heavy as lead, sur le problème du plomb aux États-Unis, « pourtant le pays le plus riche du monde ».

Elle interprète l’essentiel de son dernier album, mais aussi le magnifique morceau-titre du précédent, A day for the hunter, a day for the prey, et on ne voit pas le temps passer.  En rappel, deux nouveautés, le traditionnel He la bas (avec une citation de Iko Iko) enregistré avec The Special Men et paru uniquement en 45-tours ; puis, Le bal est fini, en référence à Donald Trump. Son prochain projet : un spectacle théâtre, Breaking the thermometer to hide the fever, qu’elle présentera début 2020 outre-Atlantique. À suivre. 

Leyla McCalla, Shawn Myers, Peter Olynciw, David Hammer 
David Hammer
Peter Olynciw

Texte : Julien Crué 
Photos © Guy Moraux

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