Jazz Celebration 2024, Théâtre du Châtelet, Paris
09.10.2024
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21 avril 2023.
Après avoir rempli le New Morning en novembre (Soul Bag y était : https://www.soulbag.fr/leyla-mccalla-new-morning-paris-2022/), c’est cette fois-ci dans l’écrin de l’Amphithéâtre de la Cité de la Musique qu’elle se produisait pour deux soirs complets plusieurs semaines à l’avance. Comme au New Morning, c’est l’album qui constitue la colonne vertébrale du concert – qui se déroule d’une traite, sans entract –, pour lequel elle est accompagnée par trois des musiciens du disque, le guitariste Nahum Johnson Zdybel, le bassiste Pete Olynciw, qui alterne entre contrebasse et basse électrique, et le batteur et percussionniste Shawn Myers.
Comme sur l’album, c’est au violoncelle que Leyla McCalla ouvre le concert, par sa version du Nan fon bwa du guitariste et compositeur haïtien Frantz Casséus, avant d’alterner entre le banjo et la guitare. Musicalement, la chanteuse a choisi de respecter l’album, qu’elle déroule à peu près dans l’ordre et en incluant les interludes et effets sonores enregistrés – les vagues sur Nan fon bwa, les différents extraits d’entretien et d’émission de radio… – qui sonnent quelque peu incongrus dans le contexte live.
Si Heart of gold, qui ouvrait il y a dix ans déjà son premier album, vient interrompre le déroulé un peu trop prévisible du répertoire, le concert proprement dit souffre d’une certaine linéarité qui frôle par moment l’ennui. La faute sans doute à un orchestre dont l’évidente compétence s’accompagne d’une forme d’anonymat, mais aussi à un public à l’étonnante passivité, qui ne se manifestera un peu qu’au moment du rappel. Même les claquements de main des musiciens pour accompagner Artibonite, chanté a cappella, ne suffisent pas à entraîner la salle, qui ne réagit pas plus au “tube” Dodinin, qui vient clôturer le concert. Ce n’est pourtant pas faute de qualité musicale, tant les interprétations de McCalla, qu’elle s’attaque au répertoire de Caetano Veloso (You don’t know me), à celui de Canray Fontenot (Jogue au plombeau), ou à ses propres compositions (le très beau Ekzile, occasion de revenir au violoncelle), sont intenses et riches, au point de faire regretter qu’elle ne profite pas de l’acoustique fantastique de la salle pour interpréter quelques titres dans un format plus dépouillé.
Il faut attendre la toute fin du concert pour que le public se mette à manifester son approbation. Sans vraiment l’avoir mérité, il obtient même deux rappels, et même une surprise pour le second avec une version de Eh là bas, un titre enregistré en 2019 pour un single obscur avec le groupe de La Nouvelle-Orléans The Special Men, qui s’enchaîne sur quelques couplets du classique Iko iko, offrant un final festif à un concert à qui il a manqué, sans doute, la petite étincelle qui distingue les moments exceptionnels.
Texte : Frédéric Adrian
Photos © Frédéric Ragot