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Live reports / 29.04.2022

Let’s Get Together, Aretha Franklin’s 80th Birthday Celebration, New Morning, Paris

22 avril 2022.

Après deux grosses années de pause bien involontaire, à peine entrecoupées de quelques séances de Let’s Get Together Club en comité restreint début septembre 2020 (Soul Bag y était), le collectif emmené par la chanteuse et activiste Lisa Spada était enfin de retour sur la scène du New Morning où il a ses habitudes de longue date. 

Pour l’occasion, la troupe a choisi de reprendre un répertoire dont elle est déjà familière, celui d’Aretha Franklin, quelques semaines après ce qui aurait été son quatre-vingtième anniversaire. Dans la salle – pleine à craquer et très enthousiaste – comme sur scène, les fidèles de l’événement sont largement représentés. Au chant, bien sûr, avec autour de Lisa Spada les voix de Agyei Osei, Opé Smith, et Emma Lamadji et trois nouvelles venues, celles de Katrin Merili, Laura Nanou et Laetitia N’Diaye (entendue quelques semaines plus tôt à côté de Lisa Spada avec Laurent Bardainne). 

Au sein de l’orchestre, avec David Lamy à la batterie, Laurent Avenard à la guitare, et une section de cuivres de luxe avec Gilles Garin à la trompette, Hamza Touré et Yann Jankielewicz aux saxophones et Philippe Cortez au trombone, renforcés par quelques recrues comme Carel Cléril à la basse, débauché des Echoes Of, autres habitués du lieu, et Dany Lavital et Anthony Honnet aux claviers. 

À l’heure pile, après une mise dans l’ambiance assurée depuis ses platines par Étienne ATN Dupuy, l’orchestre prend place, et le riff de cuivres de Respect retentit alors que les différents vocalistes rejoignent la scène. C’est Lisa Spada qui prend le chant principal du morceau, et la température, comme le tempo, ne tarde pas à monter, pour une version emmenée sur les chapeaux de roue qui évoque celle que donne Aretha en ouverture de l’album “Live at Fillmore West”.

C’est d’ailleurs clairement cet album qui définit la tonalité musicale de la soirée, dont les arrangements vocaux et instrumentaux inspirent largement le son du jour, avec l’ensemble des chanteurs dans le rôle des Sweet Inspirations et l’orchestre dans le rôle des King Pins de King Curtis et des Memphis Horns. Ce choix artistique ambitieux permet de contourner l’écueil du clonage des versions originales et de dépasser le stade du tribute prévisible pour proposer une lecture personnelle d’un répertoire devenu classique.

Laurent Avenard, Lisa Spada, Agyei Osei
Laetitia N’Diaye, Carel Cléril, Laura Nanou
Carel Cléril, Laura Nanou
Carel Cléril, Laura Nanou, Katrin Merili
Opé Smith, Emma Lamadji
Lisa Spada, Opé Smith
Katrin Merili, Opé Smith
Laurent Avenard, Lisa Spada
Laurent Avenard, Lisa Spada
Laetitia N’Diaye

Comme pour appuyer le clin d’œil à ce disque, ce sont d’ailleurs les deux titres suivant Respect sur la version originale de celui-ci qui lui succèdent ici aussi, Love the one you’re with et Bridge over trouble water, respectivement chantés par Laetitia N’Diaye et Laura Nanou, avant qu’Emma Lamadji s’empare de Don’t play that song pour une version riche en émotion, sur laquelle les chœurs assurés par les autres chanteurs et chanteuses font merveille. Le fantastique Daydreaming, sans doute une des plus belles compositions issues de la plume propre d’Aretha, est sublimé par Lisa Spada, qui est sans doute ce soir celle dont la voix convoque le plus profondément la ferveur de la Queen of Soul. Par comparaison, le Satisfaction qui suit tombe un peu à plat, malgré les efforts d’Opé Smith pour y injecter un peu de soul. Katrin-Merili enchaîne avec un Baby I love you qui vient relancer la machine avant que Laetitia N’Diaye offre un Natural woman très réussi. Il appartient alors à Lisa Spada de clôturer le premier set avec I never loved a man, donnant à la chanson tout son potentiel de théâtralité et d’inspiration blues.

Au-delà des prestations individuelles, c’est la qualité du jeu collectif qui impressionne, cette façon de chacun, musicien comme chanteur, de se mettre au service des autres et de la musique. Le public ne s’y trompe pas, et réserve à l’ensemble un constant accueil enthousiasme, n’hésitant pas à encourager les participants et à réagir à leurs sollicitations. Les contraintes de la vie réelle m’interdisent de rester pour le second set, mais c’est avec regret et l’intention de renouveler au plus vite l’expérience que je quitte les lieux… 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Cindy Voitus

Cindy VoitusFrédéric AdrianLet's Get TogetherNew Morning