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Chroniques / 18.09.2019

Leon Ware, Rainbow Deux

Responsable directement (le fantastique “Musical Massage”) et indirectement (“I Want You”, le meilleur album de Marvin Gaye qui ne s’appelle pas “What’s Going On”) de quelques-uns des albums les plus marquants de la soul des années 1970, complice de Quincy Jones, Minnie Ripperton et Ike Turner – entre autres – a quelque peu perdu le fil de sa musique au fil des années, sombrant dans un smooth jazz d’ameublement sans grand intérêt. Le présent album, publié en double LP et en digital, mêle des titres issus de séances de 2016, quelques mois avant sa mort, et d’autres plus anciens publiées en 2014 sur un obscur album paru uniquement au Japon.

Pour l’occasion, Ware a fait appel à différents membres du collectif jazz West Coast Get Down, révélé il y a quelques années par le succès de Kamasi Washington. Washington lui-même est de la partie, de même que Taylor Graves (coproducteur de l’ensemble), Thundercat et quelques autres. Il ne s’agit cependant pas d’un coup opportuniste de la part de Ware : basé à Los Angeles, il suivait depuis plus de quinze ans les aventures du collectif, dont plusieurs membres ont eu l’occasion de l’accompagner sur scène dès le début des années 2000.

Le résultat est hélas une immense déception : Ware, qui ne retrouve que par moment son timbre miroir de celui de Marvin Gaye (The darkest night), se contente d’enchaîner les mid-tempos indistincts, plus ou moins confus, qui s’étendent bien souvent au-delà du raisonnable (l’interminable For the rainbow en ouverture) et dans lesquels les contributions des invités sont noyées dans une production aseptisée (le saxo de Washington sur Summer is her name). Loin de l’enthousiasme que suscitaient les prestations scéniques de Ware, c’est un solide sentiment d’ennui qui émane de ce disque… 

Frédéric Adrian

Note : ★
Label : Be With
Sortie : 13 septembre 2019

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