Petit rappel du contexte. Leo “Bud” Welch nous a quittés le 19 mars 2017 à 85 ans, nous laissant une œuvre courte mais marquante (deux albums et un documentaire). En septembre 2015, le chanteur, multi-instrumentiste et producteur Dan Auerbach l’a invité dans son studio pour une session sur deux jours, et Welch a chanté entre 25 et 30 chansons, s’accompagnant à la guitare sur certaines d’entre elles. Auerbach propose donc ici 10 plages qu’il habille, mixe et arrange.

La première écoute m’a laissé sur ma faim. Au total, l’ensemble ne dure que 26 minutes, j’espérais plus sachant le potentiel… Et puis, j’avais encore en tête la vision dès mi-février du formidable clip d’une des chansons, I come to praise his name, hallucinée et prenante avec ses chœurs. Je me suis alors dit que c’était ce qu’il y avait mieux sur ce CD, considérant un peu hâtivement que le clip promo m’avait leurré. Mais j’ai bien entendu réécouté attentivement le CD, deux fois, trois fois… Et il s’est révélé sous un nouvel angle. Ce qui est somme toute logique pour un disque de gospel… Car il s’agit bien de cela, de gospel.

Certes, Welch n’innove pas, il relit et adapte de vieux airs traditionnels. Mais il y a d’abord sa voix, caverneuse, tourmentée, cassée, écorchée. Fatiguée aussi, âge oblige, mais portée par la force incantatoire, elle remue (Right on time, I wanna die easy). Côté habillage, que l’ambiance soit recueillie (I know I been changed qui plante le décor, I want to be at the meeting) ou plus “africaine” (Jesus is on the mainline), les arrangements innovent et rénovent (les nappes de guitares de Let it shine prendraient une belle ampleur sous la voûte d’une église) mais restent au service de Welch, ce qui est une petite prouesse… À prendre comme un legs testamentaire.

Daniel Léon

Note : ★★★1/2
Label : Easy Eye Sound 
Sortie : 8 mars 2019