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Live reports / 12.09.2023

Lee Fields + Samm Henshaw, Jazz à la Villette 2023

Grande Halle de la Villette, 7 septembre 2023.

Un peu plus de six mois après avoir rempli le Trianon (Soul Bag y était : soulbag.fr/lee-fields-le-trianon-paris), c’est une Grande Halle de la Villette complète ou presque qui attendait Lee Fields. Public bouillant, et pas seulement à cause de la météo. 

En ouverture, le Britannique Samm Henshaw n’a aucun mal, avec sa voix chaleureuse et son charisme décontracté, à emporter avec lui les spectateurs. Même sans être familier comme moi de son premier album, “Untidy Soul”, sorti l’année dernière, impossible de ne pas être séduit par des chansons comme How does it feel?, Broke ou son très amusant hymne aux Chicken wings (« Juicy, crispy, spicy, baby… »), d’autant que Henshaw est bien accompagné par un quatuor au diapason (Jordan Bikila aux claviers, Gaetan Judd à la guitare, Joshua Rosales à la basse et Joshua Ayensu à la batterie), hélas complété ponctuellement, en particulier pour les chœurs, par des bandes pas vraiment nécessaires. L’enthousiasme est tel que, après avoir fini en beauté avec Joy, il est rappelé et peut interpréter un dernier titre, le plus ancien Church dont une partie du public est visiblement familier.

Samm Henshaw
Samm Henshaw
Jordan Bikila
Samm Henshaw

Depuis vingt ans qu’il arpente régulièrement les scènes françaises – il est sans doute un des artistes soul les plus vus par ici –, il n’y a plus guère de surprises à attendre de Lee Fields. Apparemment insensible aussi bien à la chaleur qu’aux années qui passent, c’est en courant – et vêtu d’une remarquable veste à paillettes rouge – qu’il rejoint sur scène sa garde rapprochée (Toby Pazner aux claviers, Evan Pazner à la batterie, Joseph Crispiano à la guitare, Jacob Silver à la basse, Freddy DeBoe au saxophone et Jason Colby à la trompette) après le traditionnel instrumental d’ouverture. 

À un titre près (Ladies qui remplace Love comes and goes), le répertoire est inchangé depuis février, et même les anecdotes que racontent Fields en introduction de chaque titre sont à peu de choses près identiques. Mais les presque sept mois de tournée qui séparent les deux prestations ont permis tant au chanteur qu’à l’orchestre d’affiner et d’approfondir leurs interprétations. Déjà réussie au Trianon, la version ce soir de What did I do prend encore une autre dimension, portée par un public totalement en phase qui n’hésite pas à donner en masse de la voix pour accompagner Fields. Celui-ci, tant physiquement que vocalement est dans une forme éblouissante, ressuscitant même les pas de danse à la James Brown qui étaient depuis quelques années réduits à la portion congrue. 

Lee Fields, Jacob Silver, Joseph Crispiano
Lee Fields
Evan Pazner
Joseph Crispiano
Toby Pazner
Jason Colby, Freddy DeBoe

Visiblement inspiré par l’enthousiasme du public, il n’hésite pas à bousculer le cadre bien établi du show en traînant tout au long de la scène son saxophoniste pour un solo à rallonge sur Money i$ king. Et s’il semble subir une petite perte de régime sur le Faithful man final – sans le cri habituel ! –, c’est à nouveau au maximum de ses capacités qu’il revient pour le rappel attendu sur Honey dove, couronnant une prestation magistrale qui, à mon sens, surpasse encore tout ce que Fields a pu donner sur scène ces dernières années.

À plusieurs reprises pendant le concert, il a demandé au public s’il était heureux. Au vu des réactions de spectateurs – habitués comme nouveaux venus – dans la file qui conduisait vers la sortie, la réponse est évidente… 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Frédéric Ragot

Jason Colby, Lee Fields
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