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Chroniques / 08.03.2021

Judith Hill, Baby, I’m Hollywood

Il en faut de l’audace. Beaucoup d’audace pour oser ouvrir son album avec When my world is blue, un piano-voix certes parfaitement exécuté, mais beaucoup moins incisif dans le ton que d’autres morceaux qui attendent sagement leur tour. C’est aussi ce qui fait la réussite de “Baby, I’m Hollywood”, troisième album studio de Judith Hill riche de sa diversité comme de ses choix. Un grand exercice de styles qui dans un même mouvement, personnifie le rêve américain sous les traits d’une femme tout en dénonçant les pénibles contradictions d’un pays profondément fracturé. 

Une sorte de mise en abyme de la carrière de la chanteuse californienne qui a dû surmonter les épreuves douloureuses, comme la mort de son mentor Prince (dont l’ombre plane inévitablement sur la ballade pop God bless the mechanic), avant de réussir à imposer sa voix, toujours impeccable. Créditée à la composition et la production de l’ensemble des titres, Judith Hill s’affirme encore davantage que par le passé dans ses textes, diffusant quelques messages comme avec le funk rock provocant d’Americana, qui dans un bouillonnant refrain appelle au changement. 

Toujours secondée par son père Robert “Peewee” Hill à la basse et sa mère Michiko Hill aux claviers, l’ancienne choriste de Michael Jackson navigue avec une aisance déconcertante entre le blues cuivré de Burn it all, le groove survitaminé de Step out ou le funk rock de You got the right thang. Un éventail musical impressionnant qui confirme une fois encore que Judith Hill est bien l’une des chanteuses les plus intéressantes de sa génération.

Mathieu Bellisario 

Note : ★★★★
Label : Regime Music Group
Sortie : 5 mars 2021

BellisarioJudith Hill