Après les disques très réussis de Lee Fields et de Thee Sacred Souls, Daptone poursuit sur sa trajectoire avec la sortie du premier album du faux débutant Jalen Ngonda, un jeune chanteur originaire de la région de Washington D.C. basé à Londres et qui s’est fait remarquer depuis quelques années sur la scène soul européenne, au point de remporter en 2018 un des Montreux Jazz Talent Awards décernés par le festival.

Au printemps, il avait séduit en présentant, en format guitare-voix, ses chansons en première partie de la tournée de Thee Sacred Souls. Les découvrir aujourd’hui en version aboutie, avec d’élégants arrangements de chœurs, de cuivres et de cordes – il y a même de la harpe –, est une confirmation. Inspiré, comme il l’explique dans notre numéro 252, par le son de la soul classique, Ngonda, dans son écriture et dans ses interprétations, convoque ici l’esprit des grands du genre, de Marvin Gaye (dont il évoque volontiers le timbre, notamment dans les passages en falsetto) à Bobby ­Womack, en passant par Curtis Mayfield, même si, au contraire de ce dernier, il se préoccupe exclusivement des questions du cœur et non de politique.

Le résultat est totalement convaincant avec des chansons bien écrites, bien jouées – pas mal d’anciens Dap-Kings dans l’orchestre, comme par hasard – et, surtout, très bien chantées comme la chanson-titre qui ouvre le disque ou l’accrocheur If you don’t want my love qui a fait le bonheur des radios de goût ces derniers mois. Il manque peut-être de quelques surprises en cours de route pour bousculer un programme très homogène, mais impossible de s’ennuyer au fil d’un album au format LP d’à peine plus de 30 minutes. Sans doute une des découvertes majeures de l’année !

Frédéric Adrian

Note : ★★★★
Label : Daptone
Sortie : 8 septembre 2023