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Chroniques / 22.07.2022

Jack Barksdale, Death Of A Hummingbird

Impressionnant. Le jeune homme a tout juste treize ans. Il nous vient de Fort Worth, au Texas. Il joue un mélange de folk, de country, un peu de jazz et de blues. Son jeu de guitare est particulièrement bien maîtrisé : finger picking, choix d’accords pas clichés. De même, ses paroles, souvent écrites en collaboration avec des paroliers plus expérimentés, sont d’une grande maturité.

Pour ces raisons, l’album de Barksdale échappe à bien des limites des albums de “petits prodiges”. Il s’en dégage une identité forte et propre. Côté vocal en revanche, on peut ressentir des faiblesses. D’abord, cette voix encore juvénile et haut perchée est un peu bizarre à entendre sur des musiques qu’on associe souvent à des interprètes à la peau tannée, ridée et quadrillée de cicatrices. Mais c’est là un mauvais procès, car cette voix acidulée et aigrelette peut produire de très beaux effets, dont le moindre n’est pas de nous faire nous interroger en permanence sur l’identité du narrateur : qui parle ? 

Les fêlures et hésitations qu’on entend ici ou là sont vite pardonnées : on préfère ça plutôt que la voix lisse comme une table en formica d’un petit chanteur à la croix de bois. Dans les meilleurs moments de ce bel album, sans faute de goût, on a l’impression étrange d’entendre chanter une espèce d’elfe au corps frêle et à la voix enfantine qui aurait passé des siècles à observer les hommes. 

Benoit Gautier

Note : ★★★
Label : Autopublié
Sortie : 4 mars 2022