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Chroniques / 11.09.2023

Emily King, Special Occasion

Une guitare acoustique entrelacée dans une pulsation finement syncopée, tout en retenue, des cordes qui déboulent et qui s’en vont, un chant haletant, des chœurs féeriques, un refrain qui transporte… Et puis, aux deux tiers du morceau, par pur plaisir, le voilà qui appuie sur le groove. Ça joue, ça vibre, ça s’élève haut. C’était Special occasion, chanson-titre à l’image d’un album brillamment ficelé par un tandem new-yorkais toujours en état de grâce. Emily King, Jeremy Most. L’incarnation de la symbiose musicale. À l’œuvre depuis ce “Seven” de 2011.

Autant que leur formidable équilibre orchestral, c’est la richesse de construction de ces onze nouvelles pièces qui incite à y revenir et à s’y attacher. False start laisse de beaux espaces aux instruments, sans solo pour autant, et se conclut en élargissant le champ tel un travelling arrière. The way that you love me procède par petites touches avant de prendre son envol. Home now s’écarte un instant de son dépouillement sensible pour mieux y retourner. Waterfalls et sa guitare en embuscade décident de glisser vers un ad lib. radieux qu’on aimerait sans fin, exaltant comme du Earth, Wind & Fire du milieu des seventies. Who wants my love encapsule en 2’16’’ un condensé d’émotion d’une rare beauté. L’antidote idéal au flot continu de productions linéaires. 

Et quand Emily King choisit d’investir le dancefloor, elle assume pleinement son penchant ’80s, héritage Prince-Michael Jackson, pour signer deux bonbons acidulés, le pimpant This year et le théâtral Medal qui ne déparerait pas un set de Janelle Monáe. Dans un tout autre registre, en terrain country hors d’âge, Bad memory invite le timbre enveloppant de Lukas Nelson. Encore une mélodie enchanteresse qui s’imprime durablement. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★1/2
Label : ATO
Sortie : 5 mai 2023

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