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Chroniques / 21.06.2021

Dose of Jazz 243

Suite à une erreur d’attribution d’étoiles dans la version publiée dans notre numéro 243, revoici l’intégralité de notre rubrique Dose of Jazz.

Après Gary Bartz et Archie Shepp, c’est au tour d’un autre octogénaire de s’offrir un retour en beauté grâce à un partenariat avec un artiste d’une autre génération. Très discret au plan discographique depuis près de vingt ans, Pharoah Sanders se glisse avec un naturel confondant dans la trame musicale entre électro planant et cordes classiques concoctée pour lui par le producteur et DJ Floating Point le temps d’une longue œuvre continue – écoute d’une seule traite recommandée – en plusieurs mouvements qui défie les classifications et s’impose naturellement comme un classique instantané. 

Âge, origine, genre, parcours et instrument de prédilection : la trompettiste britannique Emma-Jean Thackray n’a sur le papier pas grand-chose à voir avec Sanders, mais partage avec lui la même volonté de s’abstraire des évidences musicales. Pour son premier album après une série de EP parus ces dernières années, elle convoque aussi bien le jazz spirituel d’Alice Coltrane que la fusion de Roy Ayers, le p-funk qu’une certaine inspiration folk, et les réconcilie à l’image du Yin et du Yang qui ornent la pochette du disque. Une réussite plus que prometteuse.

Dans la foulée de l’album “Jazz Traficantes”, crédité au Deal, c’est dans le légendaire studio de Rudy Van Gelder que Florian Pellissier a enregistré le nouvel album de son quintet. Plus resserré que le précédent (seule la chanteuse Agathe Iracema fait une apparition sur le très réussi Between the bars), il met l’accent sur le répertoire original composé par les cinq musiciens et bénéficie de la complicité télépathique d’instrumentistes qui savent compter les uns sur les autres au service d’un son d’ensemble.

Nouvelle venue sur la scène jazz, la chanteuse Laura Prince s’associe avec le pianiste Grégory Privat et une excellente rythmique caribéenne (Tilo Bertholo, Zacharie Abraham, Inor Sotolongo) pour proposer un répertoire original et personnel (co-signé avec David Sonder) dans un registre jazz sous influence soul bien incarné par la chanteuse (dont le timbre évoque un peu celui de Laura Mayne de Native). 

Après avoir incarné Ella Fitzgerald pour l’Amazing Keystone Big Band, Célia Kameni retrouve le big band lyonnais Bigre ! pour un album aussi turbulent que les précédents du groupe, qui convoque aussi bien les sons des Balkans que ceux de Cuba, le R&B que l’afrobeat, le tout au service d’une musique dédiée à la danse. Sur disque ou sur scène, le résultat devrait animer les plus belles soirées de l’été qui commence…

Frédéric Adrian

• Bigre ! & Célia Kameni 
Tumulte  ★★★★
PIM  

• Floating Points, Pharoah Sanders & The London Symphony Orchestra
Promises  ★★★★★ (Le Pied!)
Luaka Bop  

• Florian Pellissier Quintet
Rio  ★★★★
Hot Casa 

• Laura Prince 
Peace of Mine  ★★★★
CQFD 

• Emma-Jean Thackray
Yellow  ★★★★
Movementt 

Dose of JazzFrédéric AdrianSoul Bag 243