Bear Family offre un beau doublé à Clyde McPhatter en inscrivant son nom dans ses deux séries, “Rocks” et “Ballads”. Faisant l’impasse sur ses débuts au sein des Dominoes, les deux anthologies présentent, dans le désordre, ses faces Atlantic d’abord en soliste des Drifters puis ses débuts de soliste. 

Désireux de réaliser le crossover qui avait si bien réussi à Ray Charles ou Sam Cooke, McPhatter signa en 1959 avec MGM, où les arrangements “luxuriants” de Ray Ellis n’eurent pas l’effet escompté, avant de rejoindre Mercury où il fut confié aux (bons ?) soins de Clyde Otis et Shelby Singleton, dont les efforts lui valurent quelques succès dans les charts Pop, alors qu’il se fit de plus en plus discret le hit-parade R&B. Même si Money honey fait figure de classique, personne n’a jamais considéré McPhatter comme un rocker pur et dur, et le volume “Rocks” doit surtout s’entendre comme une compilation de pièces de R&B dansant, les meilleures réussites émanant du catalogue Atlantic (Bim bam, What’cha gonna do, Lovey dovey…). 

Mais les maniérismes du chanteur, peu stimulé par des arrangements “corny”, rendent souvent l’écoute éprouvante. Indéniablement la voix de McPhatter est plus taillée pour les ballades, il le prouve dans Warm your love, Without love, Glory of love, I gotta have you en duo avec Ruth Brown, mais, souvent la grandiloquence sirupeuse des arrangements gâche le plaisir d’écoute. 

Calibrés pour une époque et un public, ces enregistrements m’apparaissent aujourd’hui démodés, désuets, mais, sans doute, certains trouveront plaisir à les (ré)entendre, d’autant qu’ils bénéficient du savoir-faire de Bear Family (texte érudit, discographie). Plus modestement, Koko Mojo propose son “Clyde McPhatter – The Voice of R&B” riche de 32 pistes, dont trois avec les Dominoes et l’excellente version Atlantic de Such a night.

Jacques Périn

Note : ★★½
Label : Bear Family
Sortie : 9 avril 2021