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Chroniques / 10.03.2020

Brent Faiyaz, Fuck The World

“Fuck The World”. Avec un tel nom, peu de chances que ce deuxième “long format” (malgré une durée qui tient plus de l’EP) de Brent Faiyaz se cantonne aux sempiternelles thématiques sentimentalo-charnelles chères au R&B. Si le chanteur du Maryland ne fait rien pour avoir l’air du gendre idéal (voir les coquets sobriquets dont il affuble ses conquêtes féminines), on aurait tort de s’arrêter à sa posture macho. Derrière des paroles parfois crues, le protégé de l’écurie Soulection dévoile ses fêlures et vagues à l’âme, comme sur ce troublant Clouded, sur lequel il combat la dépression et les idées suicidaires.

Bien que son chant suave plein de mélismes sinusoïdaux et ses sonorités parfois nostalgiques (Let me know) fassent de lui un digne héritier du R&B ’90s dans la lignée de Donell Jones et d’Usher, sa musique reste très actuelle, comme en attestent ses atmosphères nébuleuses noyées de purple drank ou ses rimes chantées-rappées à la Drake ou Bryson Tiller. Trois ans après son excellent “Sonder Son”, Faiyaz continue de cultiver un style de R&B introspectif et riche en nuances, non loin d’un Daniel Caesar ou d’un Frank Ocean.

Mathieu Presseq

Note : ★★★½
Label : Lost Kids
Sortie : 7 février 2020

Brent FaiyazMathieu Presseqrandb