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Chroniques / 21.08.2020

Brasstracks, Golden Ticket

Des éclats cuivrés jaillissent de diverses couches de trompette empilées et se reflètent dans les interstices d’une batterie nerveuse. Ce funk lumineux abreuvé de hip-hop porte la marque d’un tandem de Brooklyn qui était monté en puissance avec le brillant EP “For Those Who Know, Pt. II”. Deux ans après, Ivan Jackson et Conor Rayne livrent un premier album dont l’esprit festif et rassembleur évoque Peter CottonTale (côtoyé chez Chance The Rapper) : les deux producteurs instrumentistes ont eux aussi cette faculté de tisser leur toile en sollicitant de nombreuses voix et en puisant dans un large panel sonore. Avec toujours en moteur ce groove proéminent, habilement sculpté pour galvaniser les talents en présence.

Elliott Skinner et Victoria Canal rivalisent de douceur perlée le long d’un délicieux canevas (Will call), Samm Henshaw attise une vibration gospel soul généreuse (Change for me), Ady Suleiman irradie au cœur d’une syncope teintée bossa et caraïbe (Movie), Masego et Common pimentent la joyeuse boucle du morceau-titre, Tarriona “Tank” Ball et Jackson Lundy répondent au drumming intense et aéré de Not far away. Et partout, donc, cet élan irrésistible qui fait bouger la tête et tout le reste, ce funk chevillé au corps qui s’impose façon Lettuce et Tower of Power sur le Basket case d’ouverture, qui rebondit allégrement en terrain deep house sur la parenthèse Disco break. Guidé par son amour de la tension-détente, Brasstracks célèbre les vertus fédératrices du groove tout-puissant.

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : Capitol
Sortie : 21 août 2020

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