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Live reports / 21.03.2024

Black Pumas + MRCY, Zénith, Paris

15 mars 2024.

Certains se rappellent avoir vu Black Pumas à La Boule Noire en 2019 (live report ici), mais cinq ans et un deuxième album plus tard, le contexte est complètement différent et la mise en scène et en musique est au format grandes salles et festivals d’été.

En ouverture, les Britanniques de MRCY, emmenés par le producteur et bassiste Barney Lister et le chanteur Kojo Degraft-Johnson, appuyés par trois musiciens : Jerome Johnson (batterie), DoomCannon (clavier), et le multi-instrumentiste Harry Fausing Smith (saxophone, guitare, violon, clavier). Pas si loin des Black Pumas, l’ensemble délivre une pop soul fortement marquée par les années 1970, avec pour MRCY ce “je ne sais quoi” propre à la soul anglaise telle que pratiquée là-bas depuis la glorieuse époque de l’acid jazz.

Chanceux ou bien managé, le groupe se retrouve déjà en première partie des sept dates de la tournée européenne des Pumas alors que seuls deux titres ont été publiés depuis Lorelei en février dernier et que le chanteur avoue que ce concert est leur première sortie sur scène. On retient en effet ce premier titre, mais aussi Flowers in mourning ou l’encore inédit California, qui tous deux combinent la chaleur d’une certaine soul seventies et une sensibilité moderne proche de Sault ou d’Anderson .Paak. Le public parisien leur réserve un accueil chaleureux et on guette un premier album annoncé pour le 10 mai. 

Kojo Degraft-Johnson

Les Black Pumas se présentent sur scène dans leur formation habituelle, Eric Burton (chant et guitare) et Adrian Quesada (guitare) étant donc toujours accompagnés par JaRon Marshall (claviers), Stephen Bidwell (batterie) et Brendan Bond (basse), sans oublier les deux choristes Angela Miller et Lauren Cervantes (en congé temporaire de leur propre groupe à Austin, The Soul Supporters), et Terin Ector à la percussion.

Premier titre, Fire du premier album, tout de suite suivi de Gemini sun du second, et on se rend compte tout de suite que le mix initial met en avant une batterie relativement binaire dont le niveau noie basse et guitare, au détriment donc des arrangements soignés entendus sur disque. L’équilibre sonore est un peu mieux sur Know you better qui voit Angela et Lauren chanter quelques phrases : le public est déjà conquis et Eric Burton chauffe la salle en showman qu’il est devenu, à coup de yeah, yeah, yeah répétés et d’une gestuelle qui, avec des courses sur place et des mouvements de bras au micro, évoque Bob Marley. Le rythme se ralentit avec Black moon rising suivi de Sauvignon, et on s’aperçoit au fil du concert le répertoire se répartit 50/50 entre extraits du premier et du second album, qui sera d’ailleurs quasiment joué en entier.

Adrian Quesada nous gratifie de trois ou quatre délicieux solos, comme sur Touch the sky, qui nous donne envie de plus l’entendre alors que JaRon Marshall lui, enfoui dans le mix, n’aura qu’une seule occasion plutôt brève de se mettre en valeur. Comme les morceaux qui se succèdent ont perdu l’emballage soigné concocté en studio par Adrian Quesada (pas de cuivres, pas de cordes), laisser jouer et improviser les musiciens de façon plus naturelle pourrait être appréciable. Mais Black Pumas privilégie une approche pop et les chansons restent dans un cadre servant surtout la voix d’Eric Burton.

Quand le plus grand succès du groupe, Colors, résonne aux trois quarts du concert, on mesure la popularité énorme du groupe en France et on devine que le succès dans les festivals d’été (Fontainebleau puis Belfort) est assuré d’avance ! Les Black Pumas concluent sur Hello avant qu’Eric Burton ne réapparaisse seul dans les hauteurs du Zénith sur une coursive pour interpréter le Fast car de Tracy Chapman. Retour de tout le groupe sur scène pour Rock’n’roll, un morceau du dernier album assez surprenant d’ailleurs et hommage peut-être lointain à Lou Reed… (Et donc le groupe ne dévoile pas au public parisien ce soir le nom de celui qui est sûrement une des influences majeures d’Adrian Quesada, un certain Rodriguez, dont ils reprennent généralement le classique Sugar man en fin de concert). Grand succès en tout cas pour des Pumas qui reviendront en France dès cet été.

Texte : Éric Heintz
Photos © J-M Rock’n’Blues

Black PumasconcertMRCY