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Live reports / 28.06.2013

Tribute to Jimmy Smith – feat. Fred Wesley

Belle affluence ce samedi soir dans la salle de la rue des Petites Écuries pour saluer, à l’initiative du batteur français Tony Match, la mémoire de l’organiste Jimmy Smith, décédé il y a sept ans mais dont l’influence sur les instrumentistes soul-jazz  et funk ne semble pas décroître.

En ouverture, ce sont les Froomees, un groupe français, qui chauffent la salle le temps d’un court set très efficace empruntant au répertoire de leur dernier album, en bonne partie arrangé et produit par Fred Wesley. Pendant que la patronne du groupe, la saxophoniste Djamila Alioua, dirige d’une main de maître ses musiciens sur des arrangements particulièrement réussis, la chanteuse Kristle Raynaud assure la communication avec le public et entonne son hymne, le tubesque Under control.

Après un court entracte, l’organiste Leonardo Corradi – tout juste 21 ans ! – est le premier à s’installer sur scène suivi du batteur Tony Match pour quelques titres en duos, dont une belle version de Sunny. Arrivent ensuite les deux souffleurs de la soirée : le saxophoniste Jesse Davis – un élève d’Ellis Marsalis – et le tromboniste Fred Wesley, ancien directeur musical de James Brown et figure majeure de la scène funk, accueilli par une ovation avant même d’avoir joué quoi que ce soit. Sans surprise, le programme emprunte aux classiques du répertoire de Smith – Midnight special, The Preacher et Back at the chicken shack – avec une incursion ellingtonienne – Caravan – permettant de beaux échanges entre le trombone racinien de Wesley et l’alto très parkerien de Davis. Malgré le haut niveau de jeu de ses partenaires – et l’assise rythmique solide proposée par Tony Match –, c’est Leonardo Corradi, très exposé, qui constitue la révélation majeure de la soirée avec son jeu à la fois ancré dans la tradition jazz – un magnifique duo, sur une ballade, avec Jesse Davis – et ouvert aux influences funk.

 


Leonardo Corradi

 


Jesse Davis

 

Si l’accent est évidemment mis sur le répertoire instrumental de Smith, ses expériences vocales ne sont pas négligées, et c’est Fred Wesley qui se charge de le saluer à l’occasion d’un Got my mojo working réjouissant, prétexte à quelques tentatives de scat ludiques. Le set se termine en beauté avec un clin d’œil à la carrière personnelle de Wesley, le temps d’un House party irrésistible, avant qu’un rappel sur The cat vienne clore définitivement une soirée très réussie.

Avec un line-up variable (si Corradi et Davis en sont les piliers au côté de Tony Match, le saxophoniste Pee Wee Ellis, autre ancien directeur musical de James Brown, et le trompettiste Flavio Boltro sont parfois les solistes à la place de Fred Wesley), cet hommage, pour l’instant limité à la scène (mais qui mériterait bien un enregistrement), se montre tout à fait à la hauteur de son inspiration.

Frédéric Adrian
Photos © Nyatcha