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Live reports / 23.05.2023

The Robert Cray Band, La Cigale, Paris

15 mai 2023.

Malgré la concurrence ce soir-là à Paris, de Bruce Springsteen entre autres, c’est une Cigale en configuration assise bien remplie qui attend Robert Cray avec enthousiasme. La bande-son funky habituelle annonce le groupe sur scène et ils ouvrent dans une semi-obscurité avec un blues instrumental bien senti. La guitare sonne acérée et on se dit que la soirée va être bonne !

Les 35 premières minutes sont effectivement énergiques et on se rappelle soudain que Robert Cray est un guitariste de grande classe, super propre en rythmique et incisif en solo, avec un son qui est vraiment reconnaissable. Pour les initiés, à noter qu’il utilise alternativement ses deux Stratocasters fétiches, aucune pédale, et une amplification haut de gamme avec un Fender Reverb encadré par deux gros amplis Matchless, marque que favorisent aussi Billy Gibbons ou Jimmie Vaughan. 

Et puis malheureusement la tension retombe et c’est le professionnalisme qui prend le dessus. Quatre ou cinq morceaux de sa discographie récente, peu intéressants et trop longs, s’enchaînent avec une version de Sitting on top of the world rendue par son arrangement aussi peu blues que possible… Robert Cray propose plusieurs fois au fil du concert de passer à quelque chose de “funky” et se tourne donc vers ses musiciens. Mais son batteur, Les Falconer, ne doit pas l’entendre et s’obstine à jouer quasi uniquement sur sa caisse claire et sa cymbale de gauche, très binaire et monotone tandis que le bassiste Richard Cousins est peu présent dans le mix. Et puis on regrette Jim Pugh à l’orgue, parti en 2015 (et maintenant actif avec sa Little Village Foundation), remplacé par Dover Weinberg. 

Une reprise annoncée d’un morceau peu connu de Bobby Bland, Deep in my soul de 1967, ne change rien et c’est bien sûr l’interprétation d’un premier classique du répertoire de Cray, I guess I showed her qui ravit le public. Rappel obligatoire, toute la salle est debout, le tube Phone booth et un dernier morceau, le contrat est rempli et les spectateurs s’en vont satisfaits. Mais on aimerait vraiment le revoir avec un groupe qui groove davantage.

Texte : Éric Heintz
Photos © J-M Rock’n’Blues

Jim Pugh et Robert Cray

Éric HeintzJ-M Rock’n’BluesLa Cigalelive in ParisThe Robert Cray Band