;
Live reports / 02.02.2016

Teedra Moses

En 2004 elle publiait l'excellent “Complex Simplicity” et donnait la réplique à Raphael Saadiq sur plusieurs titres de son album “Ray Ray”. Les feux de la rampe lui accordant peu d'attention, elle poursuivait son chemin en écrivant et en chantant pour d'autres. En publiant aussi des mixtapes, jusqu'à ce deuxième album, “Cognac & Conversation”, paru sur Shanachie en 2015 et qui nous vaut cette première date en France.

 

 

Épaulée par un quintet efficace qu'elle n'a pas présenté – hormis son complice au micro J. Black –, la chanteuse basée à Miami entame sa soirée parisienne par un dérivé du méga-tube R&B du moment, le Hotline bling de Drake et sa chaloupe ancrée dans la fameuse boucle rudimentaire du Why can't we live together de Timmy Thomas. Également issu de sa dernière mixtape, “Clair Voyant”, Flashing lights est un sympathique duo avec son choriste. Professionnelle aguerrie, Teedra Moses met peu de temps à s'attirer les faveurs d'une salle qui connaît son répertoire. Et en particulier son premier album qui sera très largement joué ce soir : Rescue me, You'll never find (A better woman), No more tears, You better tell her, Caught up, Complex simplicty… Autant d'occasions pour elle de mettre à profit une maîtrise vocale qui mise sur la souplesse de phrasé et une grande aisance de modulation dans les aigus pour pallier le relatif manque de singularité de son timbre.

 

 


Teedra Moses et J. Black

 

Sur Take me, J. Black endosse tranquillement le costume de Raphael Saadiq ; il est plus à la peine lorsqu'il s'agit de marcher dans les pas d'Anthony Hamilton sur That one, un des titres phare du nouvel album. Nouvel album dont le groove sous influence trap de la chanson titre, Cognac & conversation, intensifie les ondulations d'une salle en mouvement. Skin diver, All I ever wanted, Only U seront aussi de la partie, soulignant au passage une redondance de thèmes et de tournures qui est peut-être la principale faiblesse de Moses. Pour relancer l'attention, l'énergique patronne s'octroie une virée dans le R&B des années 90. Devant le peu de réaction suscité par un Soon as I get home (Faith Evans) pourtant très bien chanté, elle demande à son choriste d'embrayer : du Jodeci retentit puis elle reprend les rênes en mêlant intelligemment Be happy (Mary J. Blige) à Fu-gee-la (Fugees). Acclamations garanties.

 

 

 

Négociée en deux temps, la conclusion de la soirée sera intense. D'abord, son emblématique Be your girl glissera vers un remix disco-house du meilleur effet. Ensuite, Teedra Moses tombera le blouson pour un rappel à la sensualité soul exacerbée. Les fans sollicités au premier rang devraient se souvenir longtemps de ce Backstroke chaud bouillant.

Nicolas Teurnier
Photos © Fouadoulicious