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Live reports / 12.05.2019

Tasha Taylor, Billy Bob’s, Disneyland Paris

26 avril 2019.

C’est devant un public clairsemé et assez peu concerné que Tasha Taylor, fille du grand Johnnie Taylor, est venue défendre son nouvel EP, “Push And Pull”, trois ans après la sortie de l’excellent “Honey For The Biscuit”. Comme souvent, les absents auront eu tort d’être restés chez eux car, outre des conditions d’écoute excellentes (son clair et bien défini) et confortables (le volume n’est pas assourdissant), l’Américaine, professionnelle jusqu’au bout des ongles, aura délivré un set de haut niveau.

Soutenue par un trio finlandais compétent à défaut d’être inoubliable (mention spéciale quand même aux grooves en béton armé du bassiste chapeauté, cf. leur reprise-intro de Just kissed my baby des Meters), la chanteuse égrena une quinzaine de chansons tirées de ses précédents albums (What difference does it make de “Taylor Made” ; Wedding Bells ou Leave that dog alone de “Honey…”), standards illustres (These arms of mine d’Otis Redding, Knock on wood d’Eddie Floyd), hommages à son père (Last two dollars, Who’s making love), visiblement inconnu de l’assistance (« Allez le googeliser et vous verrez à quel point il était bon », balance-t-elle entre deux morceaux), emprunt à Amy Winehouse (Valerie). Une seule nouveauté, mais bien choisie, la jazzy-soul Make it last, et plusieurs grands moments dont l’interprétation bien moite de Last two dollars (rebaptisée pour l’occasion Last two euros !), le rock’n’roll How long, le chorus scatté du bassiste sur Who’s making love (sacrée inventivité mélodique !) et, partout, le charisme vocal et scénique de Tasha Taylor, impliquée d’un bout à l’autre du set malgré l’apathie des spectateurs (elle parviendra quand même à les faire participer sur les deux derniers titres…). 

Au son d’un Knock on wood bien percutant, elle quitta la scène ruisselante de sueur, la tête haute et avec la fierté du devoir accompli (la défense de la soul, de sa culture et de ses origines). C’est dans ce type de conditions adverses que les grands artistes se distinguent des imposteurs, des poseurs. Ce soir-là, Tasha Taylor a confirmé de manière éclatante qu’elle faisant bien partie de la première catégorie.

Texte : Ulrick Parfum
Photos © Sébastien Marchadier

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