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Live reports / 15.03.2019

Tank & the Bangas

Les Nuits de l’Alligator, La Maroquinerie, Paris 20e, 21 février 2019.

Malgré un premier album paru en 2013, il a fallu attendre 2017 et leur victoire à un concours de vidéos musicales organisé par la radio publique américaine pour que le collectif emmené par Tarriona “Tank” Ball se fasse remarquer. Depuis cette date, le groupe a privilégié la scène et conquis un large public par ses prestations spectaculaires sans prendre le temps de graver un vrai album (il est annoncé pour mai prochain) bien qu’il dispose d’un vrai répertoire original. Plusieurs fois repoussée, leur première vraie date parisienne (après quelques prestations festivalières l’été dernier) était très attendue, et la Maroquinerie est bien remplie pour les accueillir.

En ouverture, le groupe rock indé de La Nouvelle-Orléans Sweet Crude, habitué à partager l’affiche avec les vedettes de la soirée, fait le show. S’il revendique l’influence des musiques cajun, le violon utilisé sur les premiers morceaux en gage d’authenticité fait vite place aux sons de synthés des années 1980 regrettablement à la mode en ce moment, tandis que l’excentricité très calculée du groupe et les braillements à la Grace Slick de la chanteuse s’avèrent vite fatigants, ce qui ne les empêchent pas de conquérir la majorité du public.

Sweet Crude

Changement de registre avec l’arrivée sur scène des Bangas, vite rejoints par Tank elle-même – t-shirt Boys N The Hood, short en jean, cape en crochet multicolore. À mi-chemin entre Funkadelic et la scène jam band, le collectif semble enchaîner les morceaux au gré de son humeur – même si la chanteuse est clairement la patronne –, passant sans encombre du hip-hop au funk, sans oublier quelques fulgurances jazz, souvent issues du saxophone ou de la flûte d’Albert Allenback, et sans négliger d’impliquer le public à chaque étape.

Tank & the Bangas

Albert Allenback

Vocalement, Tank, impeccablement soutenue par sa choriste Jelly Joseph, se permet toutes les acrobaties mais retombe toujours sur ses pieds et dans le groove tissé par des complices très à l’écoute. Les titres issus de la fameuse séance radio, comme l’accrocheur Quick, sont évidemment au programme, mais la foule est aussi familière de titres qui n’ont jusqu’ici paru qu’en digital comme l’amusant Smoke. Netflix. Chill, qui, d’après Tank, raconte « comment mon petit ami est devenu mon ex petit ami ». 

Jelly Joseph

Reste qu’au bout de quelques titres une certaine lassitude s’installe. Les “trucs” de la chanteuse – les passages en voix de petite fille par exemple – deviennent un peu répétitifs, d’autant qu’une bonne partie des morceaux s’avèrent être plus des prétextes à jam (l’interminable Do something ou l’accumulation de clichés d’un hommage à La Nouvelle-Orléans qui pourrait avoir été écrit par l’office de tourisme) que des chansons un peu solides et que, par moment, un professionnalisme un peu démonstratif, rôdé par les centaines de concerts donnés ces dernières années, semble avoir pris la place de l’inspiration.

 

Au final, les deux chanteurs de Sweet Crude rejoignent la troupe qui conclut en rappel par un Rollercosters très efficace. Les réserves exprimées précédemment n’empêchent pas le public, visiblement aux anges, de faire un triomphe à l’ensemble. L’évolution du groupe dans ces prochains mois et son prochain album permettront sans doute de se faire une idée plus précise de son réel potentiel, au-delà de son rôle actuel de “bête de scène”.

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Fouadoulicious

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