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Live reports / 08.11.2019

Talib Kweli, New Morning, Paris

19 octobre 2019.

Quoi de mieux pour se mettre en jambe avant un concert du fameux rappeur de Brooklyn qu’un DJ set efficace à base de classiques hip-hop ? Qui plus est quand c’est le français Sims (collaborateur de Radio Nova) qui fait vibrer le public avec des enchaînements sampleurs-samplés, donnant une dimension nouvelle à un hit des Fugees, par exemple. 

Après cette première partie électrisante, DJ Spintelect qui accompagne le MC new-yorkais démêle quelques complications techniques et remet le public en selle avec une sélection engageante. Mais pas d’embrouilles, quand Talib Kweli débarque finalement sur scène, il est gonflé à bloc sans pour autant décharger d’emblée toute son énergie. Il lui faudra tout de même une bonne vingtaine de minutes pour vraiment emballer le public, car si son flow agile n’a pas perdu de sa superbe, l’entendre se poser sur des instrumentaux en clin d’œil à ses producteurs préférés (J Dilla, RZA) est enthousiasmant à défaut d’être tout à fait convaincant. Néanmoins, il faut reconnaître que Kweli ne se contente pas de revendiquer une quelconque authenticité (trop souvent rabâché par les vieux routiers du hip-hop) mais bien de partager avec l’audience, la culture, l’histoire de cette musique et les connections avec d’autres genres musicaux. Parmi les temps forts de la soirée, il y a d’ailleurs ces extraits de classiques reggae, l’occasion d’interagir avec son DJ et de faire monter la sauce avant de se lancer dans Definition (titre hommage au Remix for P is free de Boogie Down Productions, largement influencé par le son jamaïcain des années 1980). 

Si l’absence de Mos Def ne se fait pas ressentir sur Definition, le superbe Love language, en revanche, sonne un peu incomplet sans Les Nubians sur le refrain. Même problème quand Kweli partage un titre récent enregistré avec Anderson .Paak. On se console avec Lonely people (construit sur un sample de Eleanor Rigby : les Beatles, toujours fédérateur) et surtout avec ce qui reste le tube de Kweli, Get by (produit par Kanye West), composé d’échantillons du Sinnerman de Nina Simone, joliment introduit par le rappeur et son DJ, avec en boucle l’intro “handclap” de ce sommet musical, et une invitation à renforcer ce passage : « Double time, like a black church », le MC, micro en main, tourne sur lui-même tout en parcourant la scène d’une extrémité à une autre. Parfait avant d’attaquer le cœur du morceau. Si le rappel vaut la peine, notamment pour The blast, le pique du concert reste ce moment où, comme le dit Kweli, il s’agit « d’invoquer l’esprit de Nina Simone ». Amen !

Texte : Hugues Marly
Photos © Wilfried-Antoine Desveaux

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