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Live reports / 14.05.2011

SPRING BLUES FESTIVAL


Jimmy Moliere

Beau temps et belle musique pour cette nouvelle édition du festival belge, hélas marqué par une affluence réduite par rapport aux années antérieures.

C’est au guitariste Jimmy Moliere, accompagné d’un trio de musiciens belges, qu’a été confiée la lourde tâche d’ouvrir les festivités. Si son set totalement instrumental à la limite entre blues et jazz a eu du mal à attirer, en ce début de journée, l’attention d’une partie du public, il a confirmé, avec son jeu subtil et constamment inventif (on pense par moment à Fenton Robinson), qu’il est un immense guitariste de la classe de ces autres “non chanteurs” qu’étaient Wayne Bennett et Clarence Hollimon, avec un atout supplémentaire : il est vivant, actif et en pleine possession de ses moyens ! L’auteur de ces lignes s’engage à payer une bière fraîche de son choix au premier patron de club ou de festival qui lui permettra enfin de se produire pour un large public…


Jimmy Moliere

Autre registre pour Tré : de cuir noir vêtu, c’est au cœur du West Side de Chicago que nous conduit sa guitare cinglante et son chant déclamatoire, dans un répertoire mêlant originaux et reprises, accompagné par le très efficace trio de Fred Brousse. Egalement habillée d’une spectaculaire robe de cuir noir, son invitée permanente, la chanteuse Lady Kat, s’attaque sans complexe au répertoire de Koko Taylor, en y ajoutant sa touche sexy personnelle, en complicité érotique autant que musicale avec Tré. Dommage que les contraintes horaires leur aient imposé un show raccourci.


Lady Kat et Tré


Fred Brousse, Lady Kate, Tré

Seul faux pas de la programmation, Zakiya Hooker (fille de…), médiocre chanteuse au répertoire de cabaret blues sans personnalité, confirme que le talent n’est pas héréditaire et permet d’aller profiter des différentes options de restauration que propose le festival. Heureuse surprise néanmoins en ouverture de son show lorsque son directeur musical et bassiste, Chris James, chanteur principal dans les années 1970 du groupe soul Natural Four (produit par Curtis Mayfield) interprète deux titres de sa voix chaleureuse…


Zakiya Hooker


Chris James

S’il semble en fort mauvaise santé, Bryan Lee n’a pas perdu ses moyens, que ce soit à la guitare ou au chant, et balance son blues percutant sans temps morts et sans surprise, rencontrant un beau succès auprès du public. Vu la qualité de son répertoire personnel, on peut regretter la place laissée à des standards pas très originaux, même s’il y apporte sa touche propre.


Bryan Lee

Le jeune chanteur-harmoniciste John Németh, qui lui succède, sera le seul artiste de la soirée à ne jouer que son propre répertoire, accompagné d’un groupe très soudé. S’il semble par moment manquer de maturité et si certains titres sont beaucoup trop longs, sa voix aux accents soul inattendus, la conviction qu’il met dans ses interprétations et l’énergie globale de sa prestation ainsi que de ses musiciens confirment qu’il s’agit d’un talent à suivre.


John Németh

Le groupe du batteur-chanteur Joe Maher propose un R&B fifties très bien joué, d’autant qu’il bénéficie du renfort du pianiste-chanteur Bill Heid (qui aurait mérité de jouer sur autre chose que l’affreux clavier électronique fourni par le festival), mais qui manque d’originalité et sonne quelque peu stérile sur la durée. Les présentations de Bill Heid, qui précise avant de jouer un morceau le label et le numéro de référence de la version originale, renforcent la dimension muséale de la démarche, même si la qualité musicale est là.


Joe Maher


Bill Heid

C’est aux Fabulous Thunderbirds de Kim Wilson qu’était confiée cette année la tête d’affiche de la journée. Grosse déception : si la compétence des musiciens présents, que ce soit Wilson ou les frangins Moeller, ne peut être mise en doute, le groupe semble être resté bloqué dans le “gros son” blues-rock hyper formaté des années 1990, et le show s’avère fort ennuyeux.


Kim Wilson


Johnny Moeller

Ce final quelque peu raté n’a cependant pas suffit à gâcher une belle journée de festival à la programmation riche et variée.

Frédéric Adrian
Photos © Alain Jacquet