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Live reports / 08.04.2014

Son Of Dave

Son Of Dave (alias Benjamin Darvill) investissait le Duc des Lombards du 3 au 5 avril pour six concerts, dernières dates de sa tournée européenne entamée début février. Habitué à se produire en solo, il était cette fois accompagné d’un orchestre constitué de la bassiste-choriste italienne Marta Riccardi, de l’excellent pianiste-organiste Rich Milner et du batteur Adrian Meehan, ces deux derniers formant par ailleurs le duo britannique The Royal Organ. Le show fut à l’image de l’artiste : chaleureux, théâtral, sarcastique, parfois décousu mais aussi intense et traversé de nombreux états de grâce.

 

 

Devant une salle comble et sous le regard attentif d’un Jean-Jacques Milteau venu en voisin, Son Of Dave arriva seul en scène, revêtu de son iconique costume, de son fedora emplumé, de ses lunettes de soleil ainsi que d’une cape rouge venant encore allonger sa silhouette filiforme. Il entama le set en douceur et en solo avec Leave without running enchaîné avec un Shake your hips hypnotique et lancinant, façonné à coups de beat box, de battements de joues, de percussions diverses, d’harmonica diatonique et d’une voix tantôt caverneuse, tantôt suraiguë. Le concert se poursuivit avec l’archétypal Shake a bone, puis avec la sautillante Miss Katalin, tirée de son dernier album.

Durant cette première partie, Son of Dave n’eut de cesse d’haranguer les spectateurs, multipliant les traits d’humour et faisant l’effort de parler en français, ce qui eut le mérite de briser la glace avec le public attablé devant lui (public à qui il demanda si sa musique ne venait pas perturber la digestion !).

C’est à ce moment que Son Of Dave hurla à son orchestre de rappliquer et que le concert prit son envol, avec les relectures énergiques des meilleurs titres de “Blues At The Grand” : Well, well, well, Hot summer nights et We goin’ out. S’ensuivirent deux magnifiques ballades, elles aussi extraites de son dernier disque, Bow wow et Old Mexico, traitées à la guitare acoustique et servies par un orchestre remarquable d’écoute et de discrétion.

 

 

Tandis que Son of Dave mettait de l’ordre dans ses harmonicas, l’orchestre se mit à improviser un interlude soul jazz, bien interprété, mais qui semblait un peu incongru dans ce set dédié au blues et à la soul… Tout cela s’enchaîna avec un autre instrumental avec solo d’harmo chromatique un peu longuet qui fit plutôt retomber l’ambiance.

Son Of Dave congédia alors ses musiciens pour redémarrer en solo. Le show repartit de l’avant avec un Red afro tribal, un Nike town superbement interprété, puis par une relecture complètement allumée de Rollin’ and tumblin’, prise à 100 à l’heure, hypnotique à souhait, que Son of Dave clôtura debout sur son siège, en demandant à deux membres du public de gonfler une banane géante qu’il fit circuler dans l’assistance !

 

 

Survolté, le public réclama évidemment un rappel. L’orchestre au grand complet revint pour une reprise de Black Betty parfaitement adaptée à la situation, enchaînée sur un moite Titty shake (de nouveau tiré de “Blues At The Grand”) pour finir sur une reprise assez inattendue du Use me de Bill Withers, rodée durant le soundcheck et qui permit à Rich Milner de nous gratifier d’un solo de piano électrique d’anthologie, en toute décontraction. Il parut même tout étonné de l’ovation (méritée) que lui fit le public !

Sur ces entrefaites et comme à son habitude, Son of Dave quitta la scène d’un pas alerte, muni de sa valise d’harmoniciste troubadour, bourlingueur éternellement en transit entre deux sets. Au final : une excellente soirée pour un spectacle-concert vivant, non linéaire, passée en compagnie d’un artiste à la personnalité attachante et originale. S’il passe près de chez-vous, ne le manquez pas !

Texte et photos Ulrick Parfum