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Live reports / 12.03.2020

SiR, Machine du Moulin Rouge, Paris

23 février 2020.

Après un album quasi parfait en 2019 (dont un single imparable avec Kendrick Lamar), SiR ne pouvait qu’accroître sa base de fans. En atteste la Machine du Moulin Rouge, pleine à craquer en ce dimanche de février. À le voir arriver en trottinette sur scène, on pourrait croire que malgré l’aspect nonchalant qui se dégage de sa musique, le chanteur se la joue trop décontracté ; on comprend vite qu’avec une jambe dans le plâtre, il s’agit en fait de faciliter ses déplacements.

Assis sur un tabouret, accompagné d’un batteur et d’un claviériste, la vedette californienne entame sagement son concert par John Redcorn mais dès le refrain (qui n’est pas chanté en direct) le public reprend les paroles et participe à créer l’ambiance de communion de la soirée. Même chose pour You can’t save me, autre titre extrait de l’excellent “Chasing Summer”.

SiR revient ensuite à une production plus ancienne, le très enivrant All in my head et, s’il manque un peu d’engagement, le maître de cérémonie tend le micro vers le public pour mieux le faire participer au morceau. Viens ensuite plusieurs chansons dont les invités ne sont pas présents ce soir : on arrive à se passer du couplet de Schoolboy Q le temps de Something foreign, mais l’absence de Kadhja Bonet sur New sky reste déconcertante. Heureusement, la performance reprend du mordant quand le jeu de batterie gagne en puissance sur Lucy’s love

« I need to rest », confesse SiR, amoindri. Le crooner a besoin d’une alliée pour la suite. Une jeune femme présente dans l’audience va se porter volontaire et l’accompagner pour interpréter Ooh nah nah (à la place de Masego). Moment amusant de séduction bon enfant qui fait entrer la performance dans une séquence plus stimulante. Le claviériste très appliqué (mais par moments peu mis en valeur par la sonorisation du lieu) passe désormais à la guitare basse avec le même talent. Et si l’absence du guest (Jill Scott) se fait à nouveau sentir, comment résister à la mélancolie nébuleuse de Still blue ?

Plus en forme qu’en début de set, SiR continue de délivrer son album face à un public conquis, avant un monologue chaleureux dédier à son cousin rappeur D Smoke pour le féliciter de son succès. L’enthousiasme est sans pareil quand vient le tube Hair down. Le chanteur californien retourne ensuite à ses débuts avec Tricky, dans une interprétation poignante. Un des moments phares du concert. Mais impossible de tirer le rideau avant de s’en fumer un, et d’accompagner ce moment de liesse du bien nommé D’Evils, contenant un sample du chanteur jamaïcain Billy Boyo : « One spliff a day keep the evil away. » L’atmosphère détendue qui règne dans la salle du 18e arrondissement en cette fin de spectacle ne peut que donner raison à cet adage.  

Texte : Hugues Marly
Photos © Frédéric Ragot

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