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Live reports / 21.03.2017

Selwyn Birchwood

C'est une belle occasion de découvrir un peu mieux Selwyn Birchwood qu'offrait le jazz club du Méridien – dont la programmation semble plus ouverte ces derniers temps aux artistes américains. Le Floridien ne se produit dans nos contrées que depuis deux ans et n'a toujours qu'un album à son actif. Il y puise donc une partie de son répertoire, même s'il dévoile quelques nouvelles compositions du second opus annoncé sur Alligator en mai. Tout juste relève-t-on des reprises réussies de Reconsider baby et Hoodoo man blues.

 


Selwyn Birchwood

 

Même si l'on a déjà eu l'occasion de voir Birchwood sur scène, on ne peut qu'être frappé par son allure juvénile – il n'a que 32 ans ! – et l'impression de coolitude qu'il dégage ! Dégingandé, pieds nus, un sourire désarmant accroché au visage, il est la décontraction incarnée ! Même lorsqu'il extirpe de sa guitare des phrases torturées, il garde un air paisible. Pourtant sa voix n'est guère en adéquation avec son physique : sourde, râpeuse, elle est plutôt au diapason du saxophone baryton de Regi Oliver, l'autre pôle d'attraction. Lui apprivoise un instrument encombrant et réputé ingrat pour lui donner rôle de premier plan, d'une souplesse insoupçonnée – grâce aussi à l'utilisation raisonnée d'effets électroniques. Mais Selwyn Birchwood est bien le leader, donnant le la avec sa Gibson ES-335 sur laquelle il accommode un blues omniprésent à des accents funk, jazz ou swing. Il y a bien sûr du B.B. King dans son jeu, du Magic Sam aussi, mais jamais au point d'étouffer sa personnalité. En fin de premier set, il passe à la lap steel pour un énergisant Hoodoo stew qui concluait déjà son premier album.

 


Regi Oliver

 


Huff Wright

 


Courtney “Love” Girlie

 

Au cours du deuxième set, il délaissera un temps la Gibson pour une Stratocaster réservée aux glissades de bottleneck. Très brillant à la slide, il se livra notamment à un échange inspiré avec Regi Oliver passé à la flûte. La rythmique, inchangée depuis deux ans, apporte une assise dynamique. Avec son air de pirate malin mâcheur de chewing-gum, Don “Huff” Wright, fait la paire avec l'imposant – par le physique et le jeu – Courtney “Love” Girlie. Selwyn Birchwood ne s'est pas donné pour mission de révolutionner le blues, il lui apporte néanmoins une fraîcheur bienvenue.

Jacques Périn
Photos © J-M Rock'n'Blues

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