Big Joe Louis & Friends, The Blues Kitchen, London-Shoreditch, 2024
31.10.2024
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3 au 7 juillet 2019.
Le festival de jazz le plus ambitieux d’Anjou a fêté ses dix ans avec une affiche très fédératrice, convoquant tenants d’un jazz exigeant et artistes “populaires” (ce qui n’est pas incompatible), et s’autorisant même quelques pas de côté. Si les brass bands et les violonistes se distinguaient particulièrement cette année, en revanche, blues et soul m’ont semblé moins représentés qu’à l’accoutumée.
La configuration des scènes dans le parc de Bourg Chevreau avait été repensée afin d’offrir un confort d’écoute et une visibilité accrue. Les deux scènes, la payante et la gratuite, alternant afin d’éviter les interférences. Quant à l’organisation, elle se révéla, comme d’habitude, efficace et bon enfant. Thomas de Pourquery, Seun Kuti & Egypt 80, Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra, Ibrahim Maalouf avec Haidouti Orkestra et Thomas Dutronc avec Les Esprits Manouche ont tous obtenu un vrai succès populaire, mais d’autres aussi ont su conquérir un nouveau public comme Vincent Peirani avec Émile Parisien, le brass band Bad Fat avec le chanteur-rappeur Napoleon Maddox ou Florin Miculescu, en émule de Stéphane Grappelli.
Delvon Lamarr Organ Trio disposait de deux courts sets de 45 minutes, avant et après le passage d’Emir Kusturica. Un handicap évident pour installer son groove, d’autant que les débuts furent un peu gâchés par une balance déséquilibrée. Aussi à l’aise sur les claviers du Hammond qu’agile sur le pédalier de basses, Lamarr sait varier les ambiances, de l’organ trio classique héritier de Jimmy Smith à des pièces furieusement funky évoquant les Meters, en passant par des pièces dignes d’une B.O. de la blaxploitation. Le guitariste Jimmy James est tranchant à souhait, parfois un peu démonstratif en solo.
Le dernier jour du festival, le NOLA French Connection a réussi à faire tanguer et danser le public de la scène de la Marmite avec ses compos directement inspirées des meilleurs brass bands de la Crescent City. À la trompette et au chant, Hippolyte Fevre a l’abattage des leaders de là-bas ; il sait haranguer la foule et la faire participer. Il est bien soutenu par le reste du groupe : un autre trompette en renfort, un sax, deux trombones, l’indispensable barrissement du soubassophone et deux percus. Les solos, nombreux, sont bien dans l’esprit festif néo-orléanais. Leur répertoire original est parfaitement crédible, mais leur reprise de Lil Liza Jane fut le point d’orgue de leur set.
Texte : Jacques Périn
Photo d’ouverture © Jean Thévenoux