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Live reports / 20.12.2023

Sampha, Cirque d’Hiver, Paris

7 décembre 2023

De la magie sur la piste. Sampha au Cirque d’Hiver : un artiste à part dans un lieu atypique. En notant la date dans le calendrier deux mois plus tôt, on se doutait que ce concert serait particulier. Il fut grandiose. Une double communion, au sein du cercle formé au centre par les cinq musiciens, et avec les autres arcs dessinés par les spectateurs et spectatrices dans cet vénérable antre de la dynastie Bouglione qui affichait complet. 

Cette disposition concentrique crée une atmosphère singulière, comme si l’énergie émise par le groupe restait captive d’un public enveloppant qui lui renvoyait. Là, entouré d’un bouquet de câbles et d’un balai de diodes, Sampha rayonne. Aux claviers, au micro, aux machines, le Londonien, qui ne se prive pas d’aller danser au cœur de l’arène, est en osmose totale avec ses quatre complices, soit, dans le sens des aiguilles d’une montre, Elsas aux claviers, Rosetta à la basse et aux claviers, Blake Cascoe à la batterie, Ruthven aux percussions. Et dans les pattes presque deux mois de tournée (et aussi un excellent Tiny Desk) qui fera une trêve après cette étape parisienne. Toutes et tous prennent part aux chœurs et contribuent à un lumineux balayage du répertoire de Sampha qui fait évidemment honneur à “Lahai” (son deuxième album sorti en octobre), au sein d’une setlist bien ficelée et réellement captivante. Tout à l’image d’un as de l’équilibre, expert en syncope ciselée, en spleen poétique enchanteur et fin explorateur de vibrations électroacoustiques alimentées par de nombreuses influences. 

© WAD
© Frédéric Ragot
© WAD
© Frédéric Ragot
© Frédéric Ragot

Chez lui les coutures s’effacent et laissent place sur scène à des restitutions inspirées et aventureuses. Si bien qu’une ribambelle de temps forts restent en mémoire. Cette batterie virtuose et haletante sur Stereo colour cloud (Shaman’s dream), ce funk appuyé façon Ohio Players sur Dancing, ce chœur de toute beauté sur un Only nettement revisité, encore ce chœur, a cappella cette fois, sur une magnifique version de Can’t get close, et puis ces moments hors du temps en piano-voix, comme ce Too much et bien sûr la perle (No one knows me) Like the piano portée par un chant d’une intensité renversante.

Il faut dire qu’un sommet atteint dès le premier tiers du set a fait basculer la soirée du côté de l’inoubliable : une réunion à 10 baguettes autour des tambours qui trônent en plein centre. Le club des cinq devenu un instant escouade de batteurs s’en donne à cœur joie pour lancer un medley ébouriffant (Without/Gabriel). Le Cirque d’Hiver ne sera plus le même. La contagion est palpable, clairement visible dans ce rebond qui anime les corps quand résonne Spirit 2.0, propice à un crescendo grisant dont bénéficiera aussi et encore plus ce Blood on me en clôture. Quelle énergie ! Un rappel en piano-voix – merveilleux Happens – pour atterrir, bercés par les lampes torches des smartphones qui ont naturellement fleuri tout autour. Sampha salue, l’arène jubile, les cœurs brillent. Rarement sont-ils si bien nourris. 

Texte : Nicolas Teurnier
Photos © Frédéric Ragot et Wilfried-Antoine Desveaux
Photo d’ouverture © Frédéric Ragot

© Frédéric Ragot
© WAD
© WAD
© WAD

Setlist
-Plastic 100°C/Hold on
-Satellite business
-Suspended 
-Inclination compass (Tenderness)
-Without/Gabriel 
-Stereo colour cloud (Shaman’s dream) 
-Spirit 2.0 
-Too much 
-(No one knows me) Like the piano 
-Can’t Go back
-Dancing
-Only
-Can’t get close 
-Blood on me
-Happens

PS : Je n’ai hélas pas pu assister aux premières parties assurées par Ruthven et Ballaké Sissoko.    

Ballaké Sissoko © WAD
concertSampha