Doechii, L’Alhambra, Paris, 2024
07.11.2024
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30 mai 2019.
Rien de tel qu’un jour férié pour s’offrir un petit voyage à La Nouvelle-Orléans ! Malgré une programmation au cœur d’un week-end prolongé, le Cabaret Sauvage était mieux que bien rempli pour cette soirée cuivrée. En première partie, les Trailblazers, un groupe d’adolescents venus de Seine Saint-Denis et issus du projet “Fabriques Orchestrales Juniors” de Villes des Musiques du Monde en faveur de la démocratisation de l’accès aux pratiques artistiques, fait preuve, sous la direction du saxophoniste Bruno Wilhelm, d’une belle efficacité (coup de cœur pour le solo d’une jeune tromboniste sans peur !) et d’un sens du spectacle qui emporte sans difficulté le public.
Cap To Nola, composé de musiciens amateurs toujours pilotés par Bruno Wilhelm, poursuit dans le même esprit, et la température monte encore d’un cran quand les deux ensembles se réunissent pour un final qui attire même la curiosité des membres du Rebirth Brass Band. Ceux-ci rejoignent la scène dans la foulée pour une brève balance qui s’enchaîne sans transition sur le concert proprement dit. En 37 ans d’histoire, le groupe a connu de nombreux changements de personnel, mais reste fidèle à son ADN. Comme le Dirty Dozen, il fait partie des groupes qui ont révolutionné le son des brass bands de La Nouvelle-Orléans au tournant des années 1980. Alors que les groupes plus récents – les Soul Rebels, le Hot 8… – ont inclus une bonne dose de funk dans leur musique, le Rebirth reste largement ancré dans le jazz et, plus que dans les ensembles – tous impeccables, évidemment –, c’est par la qualité de ses solistes qu’il se démarque de la concurrence. Membre du groupe depuis quelques années, après des passages chez Coolbone et dans le New Birth, le saxophoniste Vincent Broussard s’avère particulièrement remarquable dans l’exercice, comme le trompettiste Chad Honoré ou le tromboniste Glen Andrews, tandis que le tambour et la cymbale (unique !) de l’historique Keith Frazier propulse une rythmique sans faille.
Au contraire de nombre de ses confrères, le Rebirth possède un répertoire propre et se dispense à la fois des classiques du genre et des reprises de standards jazz et pop, en dehors d’un (dispensable) final sur When the saints. C’est donc dans l’« original Rebirth music » – comme le clamera à plusieurs reprises Honoré, porte-parole scénique de l’ensemble – que puise le groupe, à coup de titres à l’efficacité largement éprouvée comme Talkin’ loud (rien à voir sinon le titre avec le classique de James Brown), Stereo ou Do watcha wanna. Si le concert souffre d’un côté un peu prévisible jusque dans sa parade finale dans la salle, difficile de résister à un groupe qui incarne aussi parfaitement une aussi formidable tradition musicale, finalement pas si fréquente sur nos scènes.
Texte : Frédéric Adrian
Photo © DR