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Live reports / 04.05.2022

Paris Gospel Choir & Hezekiah Walker, Espace Grand Paris, Créteil

10 avril 2022.

Les amateurs français de gospel contemporain ne sont pas gâtés : en dehors du Paris Gospel Festival, qui invite chaque année quelques figures du genre, les artistes majeurs de cette scène se produisent rarement hors des États-Unis, et lorsque c’est le cas c’est bien souvent dans un cadre religieux, avec une communication principalement communautaire qui ne touche que peu les amateurs hors circuit. C’est d’ailleurs grâce à un miracle lié à l’algorithme d’un réseau social bien connu que je suis tombé sur l’annonce de cette venue exceptionnelle en France d’Hezekiah Walker comme invité du Paris Gospel Choir… 

Surnommé “the Hip-Hop Pastor”, Walker, qui dirige une megachurch à Brooklyn, la Love Fellowship Tabernacle, est une vedette établie de la scène gospel américaine. Avec son Love Fellowship Crusade Choir, il a enregistré une quinzaine d’albums, dont deux ont décroché des Grammys, depuis la fin des années 1980, et participé à des projets séculiers aux côtés notamment de Whitney Houston, Puff Daddy, Blackstreet et Justin Timberlake… Il était déjà venu à Paris en 2015 pour le Paris Gospel Festival. Moins connu que Total Praise, la chorale associée au festival, le Paris Gospel Choir existe depuis une dizaine d’années, mais son positionnement est différent, moins évidemment religieux et plus orienté sur le gospel comme chant, voire comme loisir. 

Bien que le concert se tienne dans une église, c’est d’ailleurs une ambiance festive plus que recueillie que tente d’installer, avec un certain succès, le patron de la chorale, quand il fait reprendre par le public quelques phrases du chant d’ouverture afin qu’il puisse chanter avec l’ensemble. Si le chœur n’a pas le niveau de Total Praise, il assure très correctement son rôle et, avec cent cinquante ou deux cents choristes, il donne un soutien de qualité à Hezekiah Walker, qui ouvre sa prestation avec son classique Souled out.

Il laisse ensuite la place à quelques-uns des solistes de la chorale, avant de reprendre le chant principal sur Better et une longue version de Every praise au cours de laquelle l’interaction avec le chœur connaît des sommets. C’est hélas, après à peine une vingtaine de minutes, la fin de l’apparition de Walker, qui ne reviendra que brièvement pour le final. Malgré l’évidente frustration qu’entraîne la brièveté de la prestation de Walker – qui était bien annoncé comme invité de la chorale, et non comme vedette –, le reste du concert est plaisant, grâce à la présence de quelques solistes de talent et à un répertoire bien choisi (le classique Blessings are falling, enregistré par Walt Whitman et les Soul Children of Chicago), malgré quelques longueurs – un interminable Our father, en particulier.  Difficile donc de bouder son plaisir, surtout au vu de la rareté de tels événements, et il reste à espérer que d’autres stars de la scène gospel d’aujourd’hui auront l’occasion de venir chanter ici.

Texte : Frédéric Adrian