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Live reports / 03.11.2014

Nuits Cajun & Zydeco

Après l'effervescence du vingtième anniversaire en 2013, pour se sentir comme à un bal fais-dodo de Louisiane et se réchauffer du mauvais temps, il fallait  bien une assiette de jambalaya préparée par le chef Michael Richard, venu de Lafayette, et ses bananes caramélisées aux noix  de pécan… même si le tout s’accompagnait d'un verre de bourgogne plutôt que d'une bière !
Tout a commencé le 7 août au beau cinéma de l’Étoile pour la traditionnelle quatorzième Nuit du Film Louisianais, toujours organisée par le réalisateur  passionné Jean-Pierre Bruneau. 12 Years a Slave de Steve McQueen, l'adaptation des mémoires de Solomon Northup racontant l'histoire d'un homme noir libre devenant esclave en Louisiane, ouvre le festival. Largement commenté dans les médias, Il a remporté trois Oscars à Hollywood en 2014 dont celui du meilleur film. Le très beau documentaire de Lily Keber, Bayou Maharajah, sur le pianiste louisianais virtuose James Booker, a hélas été déprogrammé au dernier moment, la copie n'étant pas arrivée à temps… Les heureux élus qui l'ont vu à Paris en avant-première, ne peuvent qu'en dire du bien. Il sera remplacé in extremis par le premier épisode de la quatrième et hélas dernière saison de Treme. Magnifié sur grand écran, nous sommes au moment de l’élection d’Obama en 2008. Bande son toujours impeccable, nous attendons la suite cet automne sur Orange Cinéma Séries (OCS), en espérant que France Ô le programmera plus tard, comme les saisons précédentes. À suivre.


River Zydeco Band

Wilson Savoy, fils de Marc et leader du groupe Pine Leaf Boys, s'est risqué à la réalisation pour présenter l'une de ses idoles avec Wayne Toups, le Boss. Même si le film n'était pas encore totalement abouti, nous sommes heureux de voir les extraits rares de prestations d'un artiste important qui fut un des premiers à populariser une musique énergique mâtinée de rock, mêlant cajun et le zydeco.  Wayne y parle aussi, sans détour, de sa période de descente aux enfers avec son addiction à la drogue qui l'amènera quelque temps en prison. Une belle occasion de se souvenir de ce  « Boss »  de la musique zydeco et cajun, par analogie à Bruce, et de nous conduire à ressortir ses « vieux » disques en espérant le revoir bientôt sur scène. Le réalisateur français Robin Marck a présenté In New Orleans, documentaire dans lequel il filme, un peu au hasard, ses rencontres avec des habitants et artistes de rue de La Nouvelle-Orléans. L'année dernière, il avait déjà proposé La Louisiane par exemple. Mais outre l'heure tardive, le côté cinéma-vérité expérimental sans sous-titrage français rendait la compréhension difficile (ces accents du sud, en plus !) et décourageait certains. Ils rateront la dernière et longue séquence avec le Hot 8 Brass Band. Un extrait du DVD du festival 2013 et la fête des 20 ans termine la soirée ciné.
Le festival, c'est aussi des master classes avec, en professeurs, quelques spécialistes français : Vincent Garrusso (violon), Christian Fève (guitare),  Gilles Kusmeruck (accordéon), Agnès Benar pour le ‘ti fer et le frottoir et Marilyn Pre et Yann Manac’h pour la danse cajun et Zydeco (two-step, freezes, valses)… L'après-midi, les promenades et ville, dès l’apparition d'un rayon de soleil, pouvaient vous amener vers pour une jam improvisée, par exemple, au bar du Nord… Comme l'année dernière, le bal gratuit s'est installé sur l’esplanade, près de la grande salle, où il a fallu encore se réfugier pour éviter d'être mouillé. Pour l'ambiance festive, pas de brocante non plus, car désynchronisée, elle a eu lieu le dimanche précédent ; heureusement, il restait le traditionnel marché où il était toujours possible de se consoler en buvant un verre avec modération.


4 Jeun's

Pendant les quatre grandes soirées qui se prolongeront tard dans la nuit avec les différents groupes invités, non découragés par la météo humide et fraîche, les fidèles danseurs enthousiastes, souvent réfugiés sur le parquet couvert de la salle Jean-Bertin , étaient toujours prêts pour le two-step, la valse, le rock ou le madison. Le River Zydeco Band (NL), venu avec ses choristes, saxophone e planche à laver,  donnent des prestations énergiques mâtinées de R&B. Les 4 Jeun 's  (F), qui sont parfois trois ou cinq, sont des « fils de » musiciens cajuns français qui continuent, avec enthousiasme, à propager de la musique cajun de chez nous : Gurvan Martin, Samuel Garrusso, Valentin Caillard, Guillaume et Kenan Martin… mais rassurez-vous les parents sont toujours très actifs ! Le très familial groupe Bayou Chicot (F) avec Isabelle, Gurvan, Guillaume et Éric Martin, mais aussi Michel Salmon et Audrey Leymarie. Rarement utilisé dans les groupes cajuns, Éric officie avec plaisir  à la lap-steel issue de l'influence country : à quand une master class spécial steel et slide guitar (et pourquoi pas pedal-steel).


Bruce Daigrepont

Bruce Daigrepont est la « vedette américaine » invitée pour deux soirs. Introduisant en français chaque titre, il est  bien heureux de revenir en France spécialement pour le festival. Comme en Louisiane lors d'un fais-dodo, il mène la danse avec entrain, brillamment accompagné de l'excellente violoniste Gina Forsyth ; il fait l'unanimité. Il faut aussi compter aussi sur l'Euro Cajun Allstars Band, orchestre à géométrie variable emmené le britannique Phil Underwood, Ton Ton Fris Gris, Bal de Maison, Cajun Rooster et Blue Bayou, l’orchestre du boss du festival. Le festival se termine par une traditionnelle jam session le lundi soir, à laquelle, hélas nous n’assisterons pas…
Textes et photos : Christian Esther