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Live reports / 30.10.2019

Nick Moss Band + Yokatta Brothers, Odéon, Tremblay-en-France

16 octobre 2019.

Avant la tempête soufflée par la bande à Nick Moss, les Yokatta Brothers se sont chargés d’ouvrir une belle soirée à guichet fermé. En s’adjoignant les services du Finlandais Willie Mehto, le trio emmené par Manu Slide se fait plaisir en mode shuffle. C’est souple, dynamique, boisé notamment grâce à l’apport de la contrebasse de Stéphane Bihan et aux guitares ciselées de Manu. Mehto met bien à profit son ceinturon d’harmonicas pour dérouler une belle intensité amplifiée. En revanche, son chant assez raide auquel il applique systématiquement le filtre de son micro d’harmo manque trop de relief pour éviter une certaine impression de monotonie. On apprécie d’autant plus les titres chantés par Manu Slide et l’intermède surprise dispensé par un autre membre de la famille Yokatta. Guitare Weissenborn sur les genoux et subtilement soutenu par l’harmonica non amplifié de Mehto, Fabrice Falandry expose en deux compos (Le goût de l’effort, L’envie) son blues à texte habilement négocié en français et en glissades.  

Puis se lève un grand vent, façon Chicago. Un souffle intense qui propage le feu d’entrée de jeu, à toute vitesse. Seule en scène, Patrick Seals lance une pulsation au swing haletant, bientôt rejoint par les secousses irrésistibles de Dennis Gruenling, grand maître de l’harmo juteux, diaboliquement précis et exaltant. L’improbable duo croque les mesures avec un appétit renversant. Bien à l’image de ce qui va suivre. Rodrigo Da Silva Mantovani saisit sa contrebasse et déferle alors une cavalcade de notes rebondies. L’imposante carrure de Nick Moss a entretemps enfilé la sangle de sa Les Paul dorée et le touché ultra-sensible du patron fait déjà des siennes. Enfin, on l’entend difficilement dans ce premier morceau mais on en profitera largement le reste du set : ce pianiste au visage juvénile se nomme Taylor Streiff et transpire le blues comme un vieux sage. Ses riches enluminures, la justesse de son placement et la poigne de son attaque en font un des grands atouts de ce combo qui ne cesse de briller en dialoguant. 

Dennis Gruenling, Nick Moss, Rodrigo Da Silva Mantovani
Nick Moss
Nick Moss, Dennis Gruenling, Rodrigo Da Silva Mantovani
Taylor Streiff

Le Nick Moss Band incarne le plaisir du grand Chicago blues, celui qui reste toujours en alerte, propulsé par une dynamique commune témoignant à chaque instant d’une interaction euphorisante. Décontracté, affable pour présenter ses morceaux, le patron se sent bien à l’Odéon, si bien que le set approchera les deux heures. Sans une pointe d’ennui et avec le temps qu’il faut pour investir quelques pièces des deux récents albums Alligator, en revisiter des plus anciennes, célébrer son héros J.B. Lenoir ou conclure en mode lowdown, assis à la batterie, la guitare gorgée de reverb distordue.

Après la tempête reviennent aussi en tête la complicité bonne enfant qui lie Nick et Dennis, cet interlude boogie confié à Taylor, et puis un slow blues dantesque joué d’abord à très bas volume en conviant l’esprit d’un Buddy Guy période “A Man And The Blues”. Du blues de très, très haut vol. 

Texte : Nicolas Teurnier
Photos © J-M Rock’n’Blues
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Rodrigo Da Silva Mantovani
Patrick Seals
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